Retour des Rockomotives : Marie-Flore, Mansfield TYA, et du soleil

par arbobo | imprimer | 3nov 2009

Souvent on revient de concert avec une envie. Une envie de kebab millésimé, ça arrive. Une envie de réécouter le disque, ou de revoir au plus vite l’artiste qui vient de nous mettre les oreilles en papillotes.
Et puis on revient de Vendôme, des Rockomotives, et on n’a qu’une envie, organiser nous aussi un festival, parce que c’est beau, parce qu’ils le font avec humilité, plaisir et générosité.

A défaut de leur faire concurrence (pour l’instant!), on rend hommage à toute l’équipe des Rockomotives,  qui non contents d’assurer une programmation classieuse (déjà évoquée là), accueille artistes et entourage à bras ouverts, ne dit pas “non c’est impossible” mais “on va essayer on s’en occupe”, et réserve de belles surprises au public.
La première d’entre elle est la résidence des Boutiques sonores lors des concerts à la chapelle Saint-Jacques. L’idéal pour découvrir, écouter et acheter une sélection de la fine fleur de l’indé hexagonal ou étranger. Autre surprise, les “rocko” organisent dans de petits lieux variés des concerts surprise. La poignée d’inscrits se retrouve à un point de rendez-vous pour rejoindre le concert. Plus rare encore, ces concerts à “prix libre” se terminent au chapeau où chacun laisse ce qu’il veut. Cette part de liberté et d’invention ne peut exister que dans un festival à taille humaine où le plaisir et la proximité restent les maîtres-mots. La chaleur des bénévoles n’y est pas pour rien non plus. Toute cette équipe mérite des bravos et nous a donné envie de revenir encore et encore.

Voilà pour l’écrin. Une petite ville médiévale bourrée de charme, où serpente joyeusement le Loir et où les clochers jouent entre-eux à cache-cache.
Pour lutter contre l’oubli de ces moments de choix, Chrystèle vous laisse de quoi saliver et rêver avec nous, en quatre galeries photo.

On a d’abord versé un peu de neige, ou de poudre de perlin-pimpin, sur le Nouveau Mexique, avec ce curieux garçon de Alaska in winter. La Chapelle Saint-Jacques s’éteint, l’écran s’allume, et un petit exercice de dédoublement de personnalité commence. Brandon Bethancourt est emprunté et facétieux. Seul au micro avec ses programmations, il est bien plus sobre que son “orchestre”.
Sur l’écran on le voit, déconneur comme tout, jouer de tous les instruments, tandis qu’il se change sur scène pour être raccord avec ses clones.
Sa pop dancefloor, sa voix nappée d’effets, rappellent plus la Suède de JJ Johanson que son Amérique natale. Dommage qu’on ne puisse danser, c’est à cela que ses morceaux -un peu répétitifs à la longue- se prêtent le mieux.
Assez vite oublié, le charmant schizophrène nous laisse assez d’appétit pour un vrai festin.

Mansfield Tya est un duo et un tout. Auteures de deux albums splendides de bout en bout, Julia et Carla se répondent, se soutiennent, jouent l’une avec l’autre, et jouent avec nous.
La beauté, la personnalité de leurs disques ne préparent pourtant pas à ce qu’on va voir. D’abord parce qu’un tel bonheur d’être sur scène et de jouer ensemble est un cadeau inespéré pour nous. Nous sommes innondés de cette joie, de cette plénitude. Les photos en témoignent.
Nous sommes retournés par Je ne rêve plus, transpercés par My lover is gone. Jouer juste, c’est ça. Quand rien ne pourrait être ni mieux, ni plus fort.
Une intimité partagée, offerte à notre bienveillance, s’ouvre à nous, les yeux embués et le coeur en chamade.
Subtiles au violon et au piano, agressives et rock à la guitare et la batterie, drôles souvent, touchantes toujours, Mansfield TYA nous a soulevés. Jusqu’à ce final hilarant, parade nuptiale rockabilly, un Love me tender que Julia, plus clownesque que jamais, transforme en Tex Avery.

Puis dans un semi-silence, on quitte la pénombre du dedans pour celle du dehors, on titube d’une pensée à l’autre, d’un souvenir à un autre plus fort.
Et les pas nous guident au rendez-vous. Une société secrète s’est donné rencart, prête à suivre son meneur où il veut, du moment que ses pas conduisent à Marie-Flore. Ils ignoraient qu’elle cheminait avec eux vers ce théâtre de poche où, sortant du rang, elle monte directement sur la scène saisir sa Waterstone.
Comme venue de la nuit, seulement armée de sa voix de confidente idéale et de morceaux à se retourner la peau.

Sans faire offense à  Culture reject et sa pop-folk bien tournée, entre ce dont on sort à peine et ce qui nous attend, il est encore un peu tendre.

Et puis ce n’est pas un secret, on est venu ici pour Marie-Flore.
Elle dont le premier disque nous a tant émoustillé, et dont les concerts précédents nous ont conquis.

A chaque apparition, Marie-Flore suspend le temps. Ses morceaux aux formes modernes faussement faciles, et qui puisent dans le rock sixties. Ce Trapdoor qui me trotte parfois des semaines dans la tête, trouve sur scène de nouveaux arrangements sexy, rock à souhait. Streets, encore inédite mais qui vous met l’estomac à zéro et le coeur à sang. Elle nous offre d’ailleurs plusieurs compositions récentes qui n’ont même pas encore de démo.

La timide sait aussi nous faire rire et nous surprendre, avec une reprise des Pussycat dolls que personne n’attendait et dont elle parvient à tirer un titre plein de peps.

Toujours en train d’écrire, d’arranger et réarranger, comme The soft divide. Ecrit à quatre mains avec Gregg Foreman, doté sur disque d’un son énorme, elle en fait un blues désenchanté, comme si Lee Hazlewood l’avait couchée sur son testament.
Certains avaient pu se demander s’il était raisonnable d’aller à un autre concert après ce qu’on avait vécu à la chapelle. C’était compter sans Marie-Flore et sa musique, belles à en pleurer.

à vous toutes et tous de beaux mercis !

Mansfield TYA sera le 13 novembre à l’Européen (Paris).

Le disque de Marie-Flore, More than thirty seconds if you please, est disponible en CD et téléchargement.



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