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Topic: une ville
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Marseille city guide #1. Une ville rock qui s’ignore

par arbobo | imprimer | 16nov 2010

Nous allons passer ensemble une semaine à Marseille. Maintenant que les éboueurs ont terminé leur grève, que l’on peut emprunter les rues sans être attaqué par des colonies de rats, les Marseillais ont retrouvé leur bonne humeur, leurs coups de gueule, bref leurs couleurs locales.

Marseille est une curieuse ville. Vraie métropole, vraie grande ville, elle est pourtant la moins étudiante de toutes les grandes françaises. La faute à cette idée qui germa un jour, de faire facultés communes avec Aix en Provence, sa voisine,  pas sa banlieue mais presque.
A Aix les magasins de luxe, les belles artères historiques classieuses, à Marseille l’industrie, les manufactures, la pauvreté. A Aix les centres de recherche et les écoles doctorales, à Marseille les premières années de fac. Passé la licence, il faut bien souvent filer à Aix.
C’est tout un public potentiel qui  sort moins à Marseille et plus à Aix. Est-ce suffisant pour douter de la dimension culturelle de la ville, et de son versant rock en particulier? Voire !

Mais d’abord prenons la température… (par ordre d’apparition, les docks de la Joliette, la calanque de Sormiou, la Major, Sainte Elisabeth, l’intérieur du Virgin, l’opéra, le palais de justice, le palais de Longchamp, le théâtre du gymnase).

Marseille, capitale de la culture 2013…

Oui, avec des points de suspension, car c’est exactement de cette manière que l’on parle de cette échéance, ici. Un mélange de doutes, d’incompréhension, d’agacement, et de fatalisme.

les docks de la Joliette
les docks de la Joliette

Déjà Marseille n’est pas une ville riche, ce qui se sent, et c’est un peu sa “chance” car quand on quitte les quartiers nord pour le centre ville on ressent une mixité sociale sans égale dans le pays. Un peu d’air frais ! Mais la 2e ville de France par la population n’est que 26e pour la richesse par habitants. Capitale de la culture, oui, mais il va falloir se retrousser les manches et réveiller les énergies,  entend-on dès qu’on tend l’oreille. Et comme par hasard, on retrouve le contraste avec l’opulente voisine, Aix qui truste les bonnes places du classement des villes où il fait bon vivre, alors que Marseille dépasse rarement la 40e position.

Côté culture, après le passage mouvementé mais raté de Pietragalla (6 ans contestés qui laissent un goût d’inachevé), Marseille compte plutôt ses stars… au stade Vélodrome. On reparlera les jours prochains de certain handicap de la ville. Mais rien n’est perdu, Marseille a un opéra (quoique pas aussi majestueux que celui de Lyon ou Toulouse), son théâtre de la Criée, un réseau de salles de spectacles dont on vous fera le menu détaillé (patience), de hauts-lieux d’architecture, et puis “du potentiel”. Reprenons. Faisons comme si nous arrivions par bateau.

Le potentiel d’une ville, ce n’est pas seulement son soleil, ses plages, c’est tout bêtement le foncier disponible. Après le quartier Bercy-BNF à Paris, le quartier “des confluences” et les quais de Saône à Lyon, ou les abattoirs de Toulouse, c’est Marseille qui retrouve intérêt à son quartier des docks. C’est là que sur près de 500 hectares la ville prépare son avenir (les zones colorées sur la photo). Euroméditerrannée, projet qui a attiré quelques grandes signatures de l’archi. Les docks de la Joliette, justement, sont devenus un centre d’affaire et même un lieu de visite magnifique, à une encablure de la Major, cathédrale mal aimée pourtant presque aussi splendide que Notre-dame de la garde ou la petite Saint-Ferréol. C’est dans le prolongement de ces docks, sur une ancienne emprise SNCF, que renaît le quartier de la Belle de Mai. Avant de passer un moment à la friche, point d’orgue de notre séjour, on peut évoquer le pôle média, où sont regroupées studios de tournage (on a croisé “Rudy” de Plus belle la vie, dans le hall) et entreprises audiovisuelles. Rien d’étonnant à ce qu’un des rares festivals marseillais d’audience nationale soit consacré au documentaire.

Entre les docks, la fac Saint-Charles et la belle de mai, un grand chantier. Pas très avancé, le chantier, à vue de nez. Mais il faudra bien tenir les délais, puisque le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerrannée (Mucem) est présenté comme le grand projet qui tirera Marseille vers son statut de capitale.
La qualité d’un musée tient à l’enrichissement de ses collections, et sa réputation se taille à la longue par le brio d’expositions marquantes, autant de qualités qu’un établissement flambant neuf ne pourra pas revendiquer.
Alors, Marseille capitale de la culture 2013, ça se présente comment? A la marseillaise. Non, ce n’est pas une critique ou une moquerie. Marseille fourmille d’initiatives et de lieux, et sa vie culturelle ne repose pas tant que ça sur les grandes institutions, et ce qui peut être vu comme un handicap est aussi l’expression de l’identité de la ville. Sous ses airs brouillons, son absence de grandes avenues classieuses ou de quartiers magnificents, Marseille regorge de talents, dont nous allons vous faire découvrir quelques beaux exemples.

Une ville rock qui s’ignore?

Pour commencer, prenons le contrepied de l’image que vous avez à l’esprit. Oui oui oui, le sud et ses concerts de reggae, ses cours de salsa, ses bodega, son accent chantant qui s’accommode si bien de folklore, de danses africaines, de raï… Vu la taille de la ville c’est effectivement le cas, vous trouverez facilement de quoi vérifier cette image.
Marseille est musicalement célèbre par ses rappeurs de Iam (en groupe ou en solo), par Massilia sound system. Pas tout jeune tout ça. La jeune et impeccable Keny Arkana est plus jeune mais moins célèbre. D’ailleurs qui songerait à citer Marseille quand il est question de musique? Les plus observateurs relèveront qu’on en dirait autant de la plupart des métropoles de province (Bordeaux mise à part). Patience, nous y viendrons mais là c’est la belle marseillaise qui nous intéresse.

Qui à Paris ou Nantes connait la Fiesta des suds qui anime toute la fin du mois d’octobre?  Il faut dire que contrairement aux festivals à thème (Route du rock, Rock en Seine, Eurockéennes, Rockomotives… cherchez le point commun), la “Fiesta” 2010 c’est aussi bien Mouss et Hakim, issus de Zebda, que le jazzman Wayne Shorter, Hindi Zara, Arno ou Youssou N’Dour. Autant dire que leur “sud” commence à peu près en Norvège et que le festival cherche à contenter des publics variés.
N’en restons pas là. Marsatac, voilà un gros festival, bien marseillais. Un festival électronique? Oui si l’on s’en tient à A-trak ou Aeroplane. Mais Tumi and the volume, mais Mister Valaire, mais Talib Kweli, Féfé, A certain ratio… Soit un éventail sonore large, certes pas plus que dans la plupart des grands festivals déjà cités, mais en 11 ans Marsatac a testé différentes sortes de programmation et de lieux et se fait, progressivement et lentement, une réputation.
11 ans? Quelle surprise, c’est aussi l’âge de Jazz des cinq continents.
Bien, mais le rock là-dedans? Eh bien, un peu toute l’année, le rock. Comme quoi il ne faut pas se fier aux festivals ;-) On vous le promet, du rock il va y en avoir, dans la suite de notre périple.

Qu’on se le dise, Marseille profite de son été interminable. Oui, on vous fait la nique car on s’est baigné dans la calanque de Sormiou un 25 octobre :-) Retenez le message, Marseille en automne c’est l’endroit où aller. Avant les festivals “d’hiver” (Rockomotives, Inrocks, Transmusicales), il y a le bel automne marseillais. A peine le temps de souffler entre la fin septembre et début novembre. Marsatac, Jazz des 5 continents, Fiesta des suds, se suivent à quelques jours d’écart, prière de profiter de l’été pour faire des économies ^^

C’est donc au moment où l’on décroche les derniers lampions de ce bel automne que nous sortons de la gare Saint-Charles, un casque trop petit sur la tête, le cou étiré pour tenter d’apercevoir, par dessus les larges épaules du pilote de la Vespa, la belle qu’on est venu parcourir.

Demain, préparez un grand sac, on part acheter des disques.

Marseille J 2 les disquaires
Marseille J 3 où trainer
Marseille J 4 les concerts
Marseille J 5 les artistes marseillais
Marseille J 6 Marseille, je te lis



Comments

5 Commentaires


  1. 1 J-P. on novembre 16, 2010 12:25

    Excellente cette visite guidée de Marseille ! C’est passionnant : vivement la suite…

  2. 2 ariane on novembre 16, 2010 14:57

    Mathios, bravo, bravo, bravo, super intéressant, bien écrit et vrai (!) me semble-t-il ! je vais apprendre plein de choses sur notre ville, reviens si tu as besoin de prendre d’autres photos !

  3. 3 Xavier on novembre 18, 2010 2:08

    ayant vécu 15 ans à Marseille, ca fait bizarre de la voir décrite par quelqu’un “d’extèrieur”. J’ai hate de voir si tu vas parler des magasins du cours Julien où j’ai passé toute mon adolescence… à l’époque, c’était le seul quartier de Marseille un peu rock, où il y avait de la musique… les choses ont changé comme tu le dis, je suis parti trop tot…

  4. 4 arbobo on novembre 18, 2010 3:02

    la suite est déjà en ligne, mais on parle effectivement du cours Julien quasiment tous les jours, Xavier :-)

    je prnds des risques à m’exposer à des lecteurs avertis comme toi!

  5. 5 cl on novembre 23, 2010 1:51

    Lecture tardive mais lecture quand même. Merci Mathieu pour ce bel article. Moi qui ai toujours eu un peu de mal à comprendre l’esprit marseillais (certainement parce qu’il loin de mes origines bordelaises!), je vais de ce pas me jeter sur les articles suivants. Merci l’ami ;-)

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