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Topic: cat power, concerts
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Cat Power et tout le Bataclan

par arbobo | imprimer | 23jan 2008

La curieuse soirée d’anniversaire de Cat Power faillit débuter par un non-concert.

J’étais très curieux d’entendre Appaloosa en live, et tout aussi curieux de l’accueil que le public de Chan Marshall allait réserver à leur new-wave très années 80 et très dancefloor. Bref, à des kilomètres du blues-rock de Cat Power. Par la faute d’un ordinateur récalcitrant, Anne-Laure et Max ont été plongés dans le néant sonore après un seul titre, un vide insondable qui dura de très très longues minutes. Pénible pour tout le monde. Leur electro-new wave mérite mieux que ce début calamiteux.

Une telle cata sur scène, alors qu’Appaloosa n’ont pas encore de public à eux, voilà qui a de quoi stresser et faire péter les plombs. Sans préjuger de ce qui se déroula en coulisses à la sortie de scène, nous avons du poireauter plus de 3 quarts d’heure avant l’arrivée du Dirty delta blues band. Autant dire qu’on avait eu le temps d’oublier pour qui on était venu, et qu’à la 4e grille de Sudoku on entendait le chant des grillons. C’est là que le noir se fit.

La première surprise est excellente, le son du Dirty delta est impeccable, on entend rarement un son aussi beau sur scène à Paris, et il est en tout cas cent coudées au-dessus du Memphis Rhythm de la tournée précédente. L’entente est parfaite avec Chan Marshall, au point qu’on la sent à l’aise de bout en bout.
Moins maniérée que le concert précédent où je l’ai vue, elle maîtrise son jeu de scène et sa voix, improvisant comme bon lui semble. C’est la deuxième et la troisième surprise. Une forme de calme qu’on n’attendait pas d’elle, auparavant si stressée par la scène. Certes, elle bouge tout le temps, mais ça c’est plutôt bon pour le spectacle, elle a toujours le micro en main, règle les lumières, la répartition du son dans la salle, bref la patronne est bien là. Et elle est là pour chanter, on ne la verra toucher ni piano ni guitare, exercice qu’elle semble réserver désormais à ses très rares concerts solo.

Là je concède un regret. Seule au piano, c’est là qu’elle me touche le plus, même ses monologues interminables ne me font pas décrocher. Là, les morceaux sont enchainés, le rythme est soutenu sans être éffrené. J’avoue aussi que ce concert, consacré presque exclusivement aux titres de Jukebox, me fait la même impression en demi-teinte que le disque.Le son et les arrangements sont parmi ce que Cat Power a fait de mieux, et sa maîtrise vocale est parfaite pendant tout le concert, meilleure même que sur le disque. avec une voix comme ça, on la suit n’importe où. Mais contrairement à d’autres fois, ce n’est pas aux portes de l’enfer qu’on la suit, on reste dans un terrain assez balisé de la musique américaine où un petit grain de folie, une touche de noir supplémentaire, ne seraient pas de refus.
C’est qu’elle nous a rendus exigeants, Cat Power.

Peut-être que sa propre exigence technique l’a emmené un peu trop loin?
Pas suffisamment pour que je boude mon plaisir. Un plaisir qui eut été parfait avec les rappels prévus (the greatestliving proof). Sur I’ve been loving you, elle se casse en deux, collée au sol comme le souffle court, et le final prévu n’aura pas lieu. Inscrits sur la setlist, the greatest et Lived in bars passent à l’as, sous le regard protecteur des musiciens et amis. Elle nous gratifiera tout de même d’une sortie de scène interminable dont elle a le secret, après nous avoir envoyé ses roses et fait voler les setlist dans le public. Rencontré le lendemain, Gregg Foreman nous rassure, elle va déjà mieux et les concerts suivants devraient bien se passer.

Cat Power a logtemps été critiquée voire raillée pour ses concerts imprévisibles, souvent bâclés ou saccagés. Ce temps là est révolu, et les mêmes fans de la première heure jadis lassés par ses errements scéniques se surprennent à regretter le temps de l’artiste maudite. Cette showgirl est-elle bien la même qui nous a tiré des larmes en écrivant à coeur ouvert?
Le succès grandissant ne nous permettra sans doute plus de la voir dans de petites salles, et de voir ce qu’elle donne dans un contexte plus intimiste.

Le fan en moi trouve que cette femme en a suffisamment bavé, et qu’elle peut profiter d’un répit mérité, quitte à ce qu’elle se saigne moins les veines pour nous. L’avenir dira si Cat Power saura transformer cette force nouvelle en une musique aussi déchirante que sur ses meilleurs titres. Elle a déjà 13 ans de carrière et 8 disques derrière elle, il était illusoire d’attendre que chaque disque soit toujours meilleur que le précédent.
Sans doute Jukebox n’est-il pas son meilleur disque, mais c’est un bon disque avec quelques morceaux superbes. C’est beaucoup. Avec ça, nous avons à présent une Chan Marshall capable de profiter de ses propres concerts et de les partager avec le public comme jamais. La générosité est toujours là.

Alors bien sûr, je repense à des concerts qui m’ont glacé le sang ou retourné les trippes, PJ Harvey, Shannon Wright, the Gossip… Mais je pense aussi aux Beastie boys, à Sonic youth, aux Go-betweens, qui m’ont donné beaucoup sans m’envoyer au plafond, et je réalise qu’aujourd’hui Cat Power fait partie de la même catégorie d’artistes. Ces artistes de classe mondiale qui ont parfois un coup de moins bien mais restent au-dessus du lot. Ils nous ont donné des moments extraordinaires et, on peut l’espérer, ils le feront encore.

Je crois que Cat Power n’a pas fini de nous surprendre. Et que ceux qui suivront sa tournée actuelle en auront pour leur pesetas. Après, les fans… bah, les fans en veulent toujours plus, oubliez nos aspirations délirantes et ne boudez pas votre plaisir ;-)



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