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Topic: blaxploitation
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Truck Turner

par arbobo | imprimer | 25oct 2008
“Chemise ouverte, chaine en or qui brille”…
heu… pardon, dans la cétégorie groove j’ai confondu mes fiches.

En fait si vous connaissez feu Isaac Hayes, vous vous doutez que je n’ai pas tant confondu, car le chaînes étaient un de ses attributs scéniques (référence politique), et le clinquant un de ses péchés mignons.
Truck Turner a peu d’originalité. C’est le genre blaxploitation en soi qui est l’originalité, un brin exagérée d’ailleurs.
La touche en plus de celui-ci est d’avoir Hayes en personne comme acteur principal. Il s’en tire comme on peut se tirer d’un role caricatural, dans un scénario banal où les bruitages de voiture ont plus d’importance que les dialogues.

“You don’t look like cops but you smell like trouble”. Retenez cette phrase, c’est le seul dialogue qui mérite d’être appelé ainsi (”Tu ne ressemble pas à un flic mais tu sens les emmerdes”).
Pour le reste, on a la désagréable impression d’assister à un dérivé de Shaft, un peu comme on copie la dissert’ du copain en changeant quelques phrases.

Le thème original, dès le générique, nous procure cette désagréable impression de déjà-vu. Même auteur, mêmes gimmicks à la guitare, même formule vocale.

Pourtant, cette bande originale est tout l’inverse de celle, exagérément mythique, de Shaft. Là, aucun tube stupéfiant qui traversera les ans, mais en revanche tous les titres sont solidement fagotés, là où beaucoup de titres de Shaft étaient comme un mauvais sirop pour la toux, ici on a toujours de la vraie musique. Pour ainsi dire aucun titre mauvais, ce qui dans une BO est quasiment une prouesse.

On a un peu l’impression que Hayes compile ici ses meilleurs moments, ce qu’on pourra lui reprocher si l’on trouve qu’il ne s’est pas fatigué. Pour ma part je l’en félicite car du coup la plupart des morceaux sont débarrassés de ce qui m’énerve chez Hayes, des tentatives emphatiques mal contrôlées.
L’ouverture de Driving in the sun rappelera à certains un sample célèbre du Black Moses, ce début en gros accords de cathédrale, même si ensuite la guitare évoque plutôt un titre de Shaft, ce Cafe Regio dont la meilleure version est un live. J’ai du mal à vous extraire un ou deux titres au-dessus du lot  (the insurance company ?) car l’ensemble est d’une homogénéité très respectable.

Hayes a su utiliser toute sa palette, des gros accords impressionants aux cordes énervées, en passant par un son de guitare rock un peu gras assorti d’une batterie à faire rougir Bernard “Pretty” Purdie (Breakthrough). Surtout, Isaac Hayes a la grande idée de se taire, sa manière de chanter a le don de me gâcher totalement ses morceaux (à part sur Shaft, où il ne se prenait pas pour un crooner). Ses intros sont parfaites (et celle de Dorinda’s party, étonnante), comme toujours, ce type avait tant de talent qu’il n’a jamais vu l’intérêt de mieux le canaliser.

Hayes est un habitué de ces variations sur ses propres thèmes, j’aurai l’occasion d’y revenir car il a signé plusieurs BO blaxploitation. Mais celle de Truck Turner est une réussite, à condition qu’on n’en attende pas une grande originalité, plutôt des morceaux bien ficelés, du bon groove.

Voilà qui ne permet de ne pas trop nous énerver malgré la débauche de pains balancés durant le film. Le grand méchant est un noir lui-aussi, mais il va de soi que ce qui le rend si détestable est qu’il s’est allié à des blancs de la pire espèce. Pour donner un peu de poids à ce vilain noir, on a attribué le rôle à Yaphet Kotto, c’est toujours un plaisir de le voir.
On parcourt Los Angeles par ses quartiers pourris, d’ailleurs au début du film on s’attend à ce que l’arrière-fond sociologique soit au-dessus de la moyenne. C’était oublier un peu vite la vocation divertissante des ces films que American International produisit au kilomètre. Truck Turner tient son surnom des rings qu’il écuma avant d’être rattrappé par l’âge et de se reconvertir en chasseur de primes. Lorsqu’il ne se rend pas à la prison pour en sortir sa copine (Nichelle Nichols évadée de Star Trek) et passer des heures torrides avec elle, il y raccompagne des criminels recherchés qu’il pourchasse dans la voiture de  la copine… de son partenaire. Au passage les scènes de complicité amicale sont tordantes, on atteint presque le niveau de Starsky et Hutch :-)

De temps en temps on a une trouvaille comme ce chat mal élevé qui pisse sur les chemises de Turner.  On  passera la journée à lui faire remarquer qu’il sent la pisse ou à lui tirer dessus. Ce détail tranche d’ailleurs avec le fond macho attendu, illustré par un titre évoquant une pimpmobile. Et des voitures, on en casse beaucoup, ce qui montre que malgré le montage particulièrement pourri il y avait un peu de budget sur ce film. Les poursuites sont si longues qu’elles réussissent à nous donner deux ou trois plans réellement jolis.
Il faut au moins ça pour pardonner que l’intrigue se termine à mi-film pour ne reprndre que de manière tarabiscotée.

Comme on s’y attendait la BO est donc plus intéressante que le film, c’est presque toujours le cas dans la blaxploitation. Je m’attendais à y trouver Hayes un peu plus convainquant comme comédien, mais il n’est pas vraiment aidé. Quand on n’attend rien du film on passe donc d’une surprise à l’autre, souvent mauvaise (jeu, montage, intrigue), mais certaines scènes sortent du lot, ou certains plans nous arrachent à la monotonie par leur originalité.

De l’inutilité manifeste dégagée du film, on retire un sentiment de gâchis. Non pas que les plus grands talents de la terre soient ici réunis, mais certains détails trahissent un potentiel et des capacités qui attirent le soupçon. Les séries B, qu’elles soient pour noirs, pour blancs ou pour tout public, sont un concentré de clichés et de folklore de bas étage, sexiste, primaire, raciste, xénophobe, dont seules quelques pépites réussissent à retourner le propos grâce à un humour grinçant. Si de rares films ont eu une vocation politique réelle et ont dérangé, comme Sweetback, la blaxploitation aura surtout laissé l’image de noirs camés, racistes, sexistes, et incapables de faire de bons films. Or beaucoup étaient produits et/ou réalisés par des blancs. On se demande parfois si la blaxploitation n’est pas un piège racial, un piège grossier, à tous les sens du mot.
Si vous trouvez que je pousse loin le bouchon, songez que le réalisateur Jonathan Kaplan (un blanc né à Paris) a réalisé Les accusés, le film qui valut l’oscar à Jodie Foster en 1988.

Blaxploitation, qu’y disaient ^^



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1 Commentaire


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