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White bicycles, de Joe Boyd

par arbobo | imprimer | 21oct 2008
Un livre qui commence comme White bicycles a tout pour mettre à genoux un bon fan de rock.
Joe Boyd a eu plusieurs métiers, plusieurs rôles dans le milieu musical, mais il est de bon ton de retenir qu’il est le premier à avoir fait monter Pink Floyd sur scène. C’était dans une petite salle pourrie dont il a fait le haut lieu de l’avant-garde rock, le club UFO, à Londres. Nous voilà parti sur des bases élevées, me direz-vous.
Si l’on ajoute que le sublime Nick Drake a eu pour producteur ce même Joe Boyd, on voit qu’on n’a pas affaire à n’importe qui.

En quelque sorte Joe Boyd a écrit ses souvenirs pour dissiper ce malentendu initial. Il se sait connu - lorsqu’il l’est- pour ces deux hauts faits qui impliquent l’un des plus gros mastodontes de histoire du rock et l’un des songwriters les plus mythiques, la légende maudite par excellence.
Boyd ne profite pas de l’occasion pour nous faire son propre portrait, raconter son enfance ou ses pensées profondes, il n’est pas là pour se faire mousser. La chance de ceux qui l’ont rencontré, c’est aussi la nôtre en lisant ce récit. Ce type est avant tout un passionné, pas un arriviste ou un malade de l’ego. Pas un artiste frustré d’avoir du se contenter des rôles de l’ombre. Bien au contraire.

A la manière qu’a Joe Boyd de développer avec force détails ses prempières armes de programmateur musical dans un festival folk, au plaisir qu’il prend à parler de Fairport Convention ou autres groupes passés de mode et de réputation hasardeuse, on comprend mieux. On comprend que sa réputation établie grâce à des figures plutôt rock est trompeuse. Cet homme est avant tout un amoureux du blues, du vieux blues des origines, qui l’a conduit à la fois vers le folk des années 60 et vers les jazz.

On rira de bon coeur à certaines anecdotes, comme celle d’un petit déjeuner  inattendu face à Bob Dylan. On se découvrira aussi attendri par de vieux jazzmen bougons et géniaux à la fois.
On découvre aussi toute la richesse d’un parcours commencé tambour battant entre deux cours à Harvard. Une sacrée leçon pour les puristes et ceux qui rêvent de gloire. L’organisateur des concerts hype de l’UFO se trouve des années plus tard au département musiques de film de la Warner, bataillant ferme pour imposer la bande originale de Délivrance, qui deviendra un tube.

Jamais Boyd ne fait le donneur de leçons, mais on rentiendra grâce à lui qu’il n’y pas “une” manière d’aimer la musique et de la servir, ni une plus noble que l’autre.

Ecrit comme au fil de la plume, avec ce qu’il faut de légèreté et de style, White bicycles se dévore. Joe Boyd ne prétend pas être la figure incontournable underground qu’il ne fut pas. Il a été dans les bons coups, parfois, mais il a surtout un superbe parcours de pro, c’est celui-ci qui prend l’essentiel du livre. Grâce à cela, on suit presque de l’intérieur la “British blues invasion”.

Souvenez-vous de l’importance du blues dans les premiers disques des Rolling Stones, de Peter Green et Fleetwood mac, de Them, des Yardbirds… On sait que le blues, dans les années 60, a connu un tel revival chez les musiciens anglais que ces derniers l’ont ramené à domicile ave leurs propres disques. Quand Joe Boyd annonce au public anglais l’arrivée sur scène de John Lee Hooker, la foule d’adolescents crie de joie en l’accueillant. A la même époque il n’a rien d’une légende vivante dans son propre pays et doit galérer pour trouver de petits concerts miteux sans même parler d’enregistrer. Ce mouvement de fond, considérable et quasi traumatique pour les rockers américains qui l’ont vécu, on a l’impression d’y assister en direct, c’est excitant comme tout.

En dehors de son talent et de sa passion, Joe Boyd a aussi eu de la chance, il est né au bon moment pour accompagner cette période extraordinaire de la musique populaire. Cette chance devient aussi la nôtre car lorsqu’on a vécu les événements on est souvent prémuni de les voir plus grandes qu’ils ne sont. Ni histoire ni légende, Boyd nous raconte ce qu’il a vu et vécu, sans trop de nostalgie, avec surtout le plaisir de partager encor ces moments comme il les partagea à l’époque. Cette distance parfaite est assez rare dans ce milieu, qui rajoute volontiers un louche de glamour ou de légende outrancière.
Le meilleur exemple date de 1965. Le Newport folk festival est une institution, co-fondée par une légende vivante, Pete Seeger, l’égal de Woody Guthrie. En pleine explosion folk, Joe Boyd est en bonne place dans le festival et aux premières loges pour assister au fameux concert de Bob Dylan, concert électrique, amplifié, réputé depuis pour avoir mis le milieu folk à feu et à sang. Raconté par Boyd, plus que le public, c’est surtout le groupe des organisateurs qui s’est trouvé divisé par ce coup de force de Dylan. Pas exactement la version de l’histoire qu’on colporte habituellement. Moins homérique mais pas moins intéressante.

Même avec Nick Drake, Joe Boyd refuse de se donner le premier rôle. Il profite de l’occasion pour parler de ces musiciens sud-africains exilés au triste parcours, comme le pianiste Chris McGregor, qu’il fit participer à un enregistrement. Joe Boyd est féru de rencontres, d’ailleurs le milieu de la musique n’est fait que de ça.

La sienne avec Nick Drake fut un peu la grande histoire de sa vie, même s’il fut aussi le mentor de Fairport Convention et le producteur merveilleux de Nico pour des disques incomparables. Mais Nick Drake c’est autre chose. On sent derrière la pudeur combien ce chanteur fut aussi un ami pour Boyd, qui s’en voudra à jamais de n’avoir pas vu qu’il s’enfonçait dans la dépression. Le récit des parties de cartes dans la cuisine de l’ingé son le dimanche soir prend soudain autant d’importance que celui d’enregistrement devenus vénérés. On est bien loin du name dropping et des révélations tapageuses, j’accorde beaucoup d’importance à des passages comme celui-ci, on entre vraiment dans une vie.

C’est ce qui fait la valeur de Joe Boyd, sa manière de toujours privilégier les personnes avant la musique. C’est aussi pour cette raison que ce livre n’a rien d’un récit à clefs pour fana de musique, on peut s’y plonger sans bien connaître le rock ou le folk, on sera happé aussi bien. Mieux même, moi qui n’étais pas du tout attiré par le folk des années 60, il m’a mis l’eau à la bouche.

Il faudrait un résumé de 15 pages pour vous dire tout ce qu’il y a dans ce livre. Le mieux que vous avez à faire est encore de le lire. C’est un régal. Que vous soyez comme moi un fan de Nico, un admirateur du label Island, ou simplement curieux de découvrir à hauteur d’homme une période d’une richesse exceptionelle, vous y trouverez votre compte.



Comments

1 Commentaire


  1. 1 Francky 01 on octobre 29, 2010 23:59

    Le livre à l’air excellent, tout comme pas mal d’autres chez cette maison d’édition à la ligne éditoriale pertinente et exigeante !!!

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