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Topic: numériques
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Tout rond tout con (ou : le mp3 a-t-il vraiment tué le CD?)

par arbobo | imprimer | 20sept 2007
Suite  des formidables aventures de bibi au pays des nouveaux supports musicaux…
(les épisodes 1 et 2)

Car on ne peut  véritablement se faire une idée sur  les supports numériques et le mp3, sans s’interroger aussi sur l’avenir du CD. C’est dans toute la presse, le CD a 25 ans mais est plus menacé que jamais.

C’est extrêmement vrai, mais c’est aussi extrêmement douteux à court terme.
Premièrement à cause du support physique lui-même, qui offre de vrais avantages. Ensuite, parce que le progrès technologique doit être lu à la lueur de l’usage : comment écoute-t-on la musique aujourd’hui? Et quelle musique, ou plutôt devrais-je dire quelle qualité sonore.

Plusieurs choses plaident pour la survie du CD à moyen terme.
D’abord, contrairement à feu la cassette audio, le CD est un support adapté aux lecteurs modernes. C’est le support de base des ordinateurs, dont tous les logiciels sont avant tout fournis sur cd-rom ou DVD. Car les inventeurs du DVD ont tenu compte du passé, et tout lecteur DVD (qu’il soit sur ordinateur ou lecteur externe) lit également les CD.
Le CD serait menacé, alors que les lecteurs sont enfin devenus la norme dans les voitures? Certains modèles ont des prises permettant de brancher un lecteur mp3, mais ils sont encore rares. Et pour cause, puisque le CD est universel, tandis que pour les lecteurs mp3 c’est le merdier des formats et de la connectique.  En dehors du disque vinyl, le CD est le seul vrai support musical universel, statut précieux et dont le 8 track ou le SACD ne bénéficieront jamais. Détail, mais ce détail des autoradio va prolonger encore un peu la vie des CD, au moins celle des cd-mp3.

Parmi les autres avantages du CD, n’oublions pas que sa durée colle avec celle d’un album, d’un best-of, voire de pas mal de concerts. Vous me direz, le concept d’album est lui-même mis en danger ou du moins assoupli depuis le développement des supports numériques, comme j’en discutais avec vous l’an dernier. Mais on n’en est pas encore là. Car l’album correspond toujours à une manière de faire de la musique, et une manière de l’écouter. Et puis sans album, plus de pochette, et plus de notes de pochette. En téléchargeant un titre on est déjà bien chanceux si on a l’image du disque, mais pour le contenu de la pochette on peut toujours courir (au passage je trouve ça odieux, que les éditeurs ne se donnent pas la peine d’inclure un pdf avec leurs fichiers payants). Le support physique CD est à la fois individuel et indivisible (on peut n’écouter qu’un seul titre en boucle, mais les autres sont toujours sur le disque), ce qui est un avantage artistique mais parfois un défaut pour l’utilisateur (de l’intérêt des compil’ et playlists mp3).
Vous me direz, le cd peut être remplacé par des puces contenant un album, par exemple (des puces réutilisables, un peu comme si on achetait un “livre” de photos sur une puce d’appareil numérique, ce qui devrait arriver prochainement). La dématérialisation ne sera sans doute pas totale, de ce point de vue. Mais reste l’atout comparatif n°1 du CD : sa qualité sonore.

Menacé, le CD? D’accord, ok, mais… par quoi?
L’autre dimension majeure de ce débat, dimension rarement abordée car souvent occultée par les industriels et diffuseurs, c’est celle de la qualité du son, de sa reproduction.

Permettez que j’insiste. “Haute fidélité”, hi-fi. Dans les années 70 et 80, cette étiquette était prisée et soulignait l’attrait puissant d’une reproduction enfin fidèle de la musique. Aux amis venus dîner, on montrait fièrement sa nouvelle chaîne, ses nouvelles enceintes, et ce souci là se retrouvait jusque sur les disques eux-mêmes. Souvenez-vous des pochettes d’Art of noise utilisant ces enceintes fabuleuses de B&W (une série emphasis).
Après le walkman, on est passés au discman, on a donc gagné en qualité de son. Aujourd’hui on régresse avec les balladeurs mp3, la beauté d’un ipod remplaçant la qualité du son reproduit. Ce son, dans une logique hi-fi, est pourri. Je le sais, moi aussi j’ai un balladeur mp3, c’est sympa mais avec ma chaîne y’a pas photo.

Les offres sur le téléchargement de fichiers comprimés (mp3, asf, aac, wma…) n’apportent qu’une concurrence partielle au CD. Ces fichiers, 5 à 10 fois plus légers que leur équivalent CD, ne le sont qu’au prix d’un écrétage, des fréquences entières sont supprimées car peu ou pas audibles. Cette compression est variable, en moyenne 128 kbp/s contre 1400kbp/s pour un CD, mais peut aller de 64kbp à 256, 320 ou 480kbp. Les formats vendus en ligne vont de 128 à 192, et plus rarement 256 (mais vraiment rarement, et plus cher). Traduction : le son du mp3 est (nettement) moins bon.
Alors que de plus en plus de monde s’équipe en sono de qualité potable voire de quadriphonie ou 5.1 (5 enceintes en cercle plus un caisson de basse, pour un son englobant façon salle de ciné), la qualité du son pourrait bien devenir un enjeu majeur dans les années à venir. En tout cas je le souhaite !

Et les autorités seraient bien inspirées de ne pas oublier cette donnée là, dans leur obsession de la lutte contre les téléchargement pirate. Primo, le coût du piratage est encore très mal évalué (et généralement SURévalué). Secundo, le choix du président de la FNAC pour diriger la commission sur le piratage, montre que l’aspect économique prime sur tous les autres. J’aurais pu comprendre de la part d’une commission du ministère de l’économie, mais la ministre de la culture (aïe, gros mot) est mal venue de croire qu’elle est au service direct de Christine Lagarde. Franchement, on se fout clairement de la gueule des auditeurs. Je le répète encore : pour avoir des mp3 de qualité correcte (disons à partir de 320 kbp), il faut soit convertir ses propres disques, soit pirater. Historiquement, les copies pirates ont toujours été moins bonnes que les officielles payantes. Curieusement, voilà des années que c’est exactement l’inverse pour la musique en ligne et les utilisateurs s’en rendent compte. Malheureusement, ils sont les seuls. Dernier épisode, la traditionnelle annonce catastrophiste des résultats des ventes. comme d’habitude, la faute revient exclusivement aux utilisateurs (ben tiens), et les professionnels ont tout compris (sauf l’essentiel, mais ça, faut pas demander l’impossible). Je suis en pleine redite de mon billet précédent.

Le CD n’est pas encore mort, car la recherche d’un meilleur son reste très vivace. Côté industriels, on a lancé il y a peu d’années un produit révolutionnaire, le SACD, qui ressemble à un CD mais, sur un lecteur adapté, permet une écoute en 5.1, au lieu de la stéréo “simple” du CD. Visiblement, cette invention superbe est arrivée trop tard pour s’imposer, et subit le règne sans partage des lecteurs mp3. Les ventes catastrophiques ont signé l’abandon du SACD. Mais les ventes d’enceintes 5.1, elles, se poursuivent grâce aux dvd enregistrés avec ce procédé. Le matériel d’enregistrement et de traitement du son a lui aussi évolué constamment vers plus de rafinement et de qualité sonore.

La moindre console de home studio respecte mieux le son que les 16 pistes coûteux d’il y a 20 ans.

La recherche du bon son est aussi visible dans la rue, le bus, le métro. A rebours de ces casques audio de plus en plus légers et discrets, on voit dans la rue de plus en plus de casques à coque pleine, ces gros casques de salon ou de DJ. Ca n’est pas pour éviter de géner les voisins, mais pour ne pas être gêné soi-même dans son écoute et avoir un son de meilleure qualité. Cette demande de qualité a marqué toute l’histoire du disque depuis sa création, et le mp3 (et autres formats compressés) innove en proposant pour la première fois une innovation technologique qui passe par un son… beaucoup moins bon ! Alors, progrès? Ou simple étape avant de repartir enfin dans le sens de la qualité?

La compression des morceaux est liée à internet et aux balladeurs, mouvement lancé par Apple avec son i-pod. L’i-pod, outre sa beauté, a répondu à une attente non-formulée. Géniale invention, l’i-pod allait consacrer le règne des morceaux de basse qualité, ce qui est inattendu de la part d’Apple bien que ce soit une boîte d’informatique et non de hi-fi.

Avec l’augmentation rapide des capacités de stockage, on aura bientôt des disques durs de  centaines ou milliers de Go, capables de stocker en haute qualité autant de musique qu’on met aujourd’hui sur un ipod. Déjà, avec un ordinateur on peut stocker du son en qualité CD au lieu du mp3 compressé. Pour votre itunes ou Windows media, ça revient au même, vous l’utilisez de la même façon.
Je gage que rapidement le standard d’enregistrement ne sera plus le mp3 pourri (vendre du 128 kbp, quelle honte), mais la qualité CD (1400) voire plus (son 5.1)). On a inventé la compression en raison des capacités de stockages qui étaient faibles, et du débit internet. Les deux ayant augmenté, la compression n’est plus justifiée, dans 1 an elle sera même totalement inutile, donc musicalement scandaleuse. Les industriels entendent-ils ce langage là?

Au CD actuel de 75 minutes, je crois qu’on va simplement voir succéder un support unique, celui de l’actuel DVD, qui approche déjà les 5 Go (soit plus de 6 CD audio). Tant que les DVD seront sur des supports disques, le CD audio ne mourra pas. Si un jour un format standard de carte stockage s’impose (ce qui n’est toujours pas le cas pour les photos numériques, soit dit en passant), alors ça sentira le roussi. ce qui peut survenir dans 5 ans, mais aussi probablement dans seulement 1 ou 2.

Le format CD a pour lui d’être un standard lisible partout (ordinateur, voiture, chaine, discman), avec un son incomparablement meilleur que le mp3.
Alors, mort à 25 ans le CD? Je n’en suis pas certain. On en reparlera lorsque une offre alléchante le concurrencera sur le standard et la qualité sonore. Au rythme où va l’industrie actuelle, il se peut qu’on y parvienne très vite (1 an suffirait), mais ce n’est pas encore le cas.

L’histoire des supports sonores est faite de disparitions rapides (le 8 track, champion en la matière), et même la cassette audio que les disquaires craignaient tant a disparu définitivement. Mais méditons le cas du vinyle. A la fin des années 80, la chute des ventes est telle que les constructeurs ne proposent même plus de platines vinyl et qu’il devient très difficile de trouver des pièces de rechange. Ca sent le roussi. Aujourd’hui, des magasins entiers ne vendent que ça, les platines se vendent bien, les ventes sont solides. Or qui a sauvé le vinyl et continue de l’utiliser? Ceux, précisément, par qui on aurait pu le croire abandonné. C’est le rap puis la techno, musiques d’avant-garde dans les années 80, qui sauvent le vinyl et lancent un intérêt inédit pour le Djaying. Même si les nouvelles platines CD permettent de scratcher, on perd en toucher, et visuellement le CD ne peut pas s’aligner. Même le son du vinyl, plus chaud, plus rond, a ses adeptes, en dehors de son côté scénique et technique.
Or en 1990 personne n’aurait parié sur le vinyl. Je ne dis pas que le CD connaîtra le même rebond spectaculaire, mais méfions nous de ces avis de décès qu’on publie avant l’heure ;-)


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