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Tamikrest : Adagh. Roses des sables

On ne s’était pas demandé quels rapports les Touaregs entretiennent à la modernité. Avec l’album de Tamikrest, on tient un bout de cette réponse qu’on n’avait pas cherché.

Car après la première impression d’être bel et bien dans un disque de « blues du désert », de morceau en morceau se dessine une géographie plus variée et contrastée qu’on ne l’envisageait. On sait combien le Mali est une terre féconde pour le blues, et c’est dans la partie saharienne de ce pays que vivent les membres de Tamikrest.
Mais la production d’Adagh est plus moderne que « simplement » bluesy. Et le groove du phrasé de Ousmane Ag Mossa, ou le travail de la basse, donnent parfois l’impression d’être quelque part à Londres ou Chicago.

Sans être injuste envers le travail des musiciens irréprochables, on a plus envie de parler d’Ag Mossa. Son timbre ne provoque pas l’admiration, mais quel phrasé, quelle résonance. On ne pipe pas un mot de touareg mais on est saisi et emporté par ce flow, cette scansion faussement languide, cette voix souple aux rebonds gracieux.

Au passage on continue de se demander quelle mouche pique ceux qui croient malin de questionner l’usage du français ou de l’anglais sur les disques d’ici. Adagh est un disque bluesy, groovy, réussi, dans une langue d’un peuple peu connu et parlée de nul autre. Et ça fonctionne. A la perfection. Dans un registre plus groovy que les groupes touaregs emblématiques du blues local, Tinariwen ou Toumast. Ce qui n’a rien d’étonnant vu la participation de musiciens américains et australiens. Le mélange a pris si excellemment qu’on croirait qu’ils ont joué des années ensemble.

On aimerait goûter un peu mieux les paroles, car les Touaregs ont une histoire récente empreinte de violence et des groupes comme Tamikrest sont réputés exprimer un fort soutien à la cause de leur peuple.

Adagh - Tahoult