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Siobhan Wilson : songs

par arbobo | imprimer | 11mai 2010

On attendait ce disque avec impatience. Un peu plus que d’habitude, car celui-ci, on a assisté à sa genèse pas après pas. Parce qu’on a vu et ardemment soutenu Siobhan Wilson (prononcez “chivone”) alors même que ses titres solos n’avaient droit qu’à de petits interludes, lorsqu’elle jouait dans un trio de jazz.
On l’a même poussée à prendre les rênes et, plaisir suprême, on lui a fait jouer deux de ses tout premiers concerts solo. Alors vous voilà prévenus, on a une histoire avec Siobhan, qu’on admirait déjà avant de devenir  amis.


Song for Lisa


Les amis sont aussi là pour faire le sale boulot, pas seulement pour le soutien aveugle, mais aussi pour dire ce qui cloche. On s’y préparait, au cas où, d’autant que les débuts de son label My major company nous avaient laissé vraiment très dubitatif (Grégoire :-/ ). Mais voilà que sort Songs, mi juin, et c’est un bon disque, voire très bon pour un premier disque sorti à 20 ans et quelques poussières. Siobhan reviendra ici-même vous en parler en interview, avec son inaltérable timidité et sa difficulté à dire du bien de ce qu’elle fait. On le fera pour elle. Quoique, c’est pour nous et pour vous qu’on va le faire, parce qu’on se régale de ses miniatures douces-amères, ces bonbons acidulés gorgés d’enfance.
Il est donc temps de rappeler que ce qui nous a amené à faire la connaissance de cette jeune écossaise, ce sont ses chansons, son sens aigu du songwriting. Qu’elle chante seule accompagnée des arpèges de sa guitare, ou qu’elles soient plus orchestrées sur l’album, ses chansons touchent juste.

Et puis sa voix, bon sang quelle voix. Les premières fois, on l’a crue chanteuse de jazz, elle rappelait la splendide Helen Merrill lorsqu’elle s’attaquait aux standards comme My funny Valentine. Elle cachait bien son jeu, et plus l’album défile plus on réalise qu’elle est capable de tout avec cette voix suave. Du plus rythmique, à la limite du hiphop (Getting me down), à un phrasé étiré et souple comme celui de la prêtresse Minnie Ripperton (Song for Louis). Aussi à l’aise dans une pop moderne à faire rosir Lilly Allen (song for Anthony) que dans un folk sans âge (Mother’s eyes).
Refusant la puissance, délaissant les tours de force de son ancien modèle Regina Spektor (déjà dépassée par cette nouvelle concurrence), Siobhan prodigue les plus douces caresses à nos oreilles. Des caresses qui apaisent nos tristesses, car on a du mal à retenir nos larmes à sa version de Voir un ami pleurer. Elle vous expliquera bientôt son attachement à cette chanson, mais reprendre Brel est casse-gueule, et Siobhan a réussi à éviter d’en faire une prouesse. Il a souvent été question dans ces pages de reprises,  avec pour constat récurrent que les meilleures reprises sont faites par les meilleurs songwriters. Ce qu’il fallait démontrer.

En fait de reprise, on imagine sans peine des nuées d’artistes se jeter avec gourmandise sur les chansons de Siobhan Wilson pour en donner leur version, tant ces chansons sont faites pour résister au temps et aux écoutes répétées. La simplicité des arrangements, âprement négociée avec son producteur David Baron, laisse libre cours à des mélodies qu’on sifflote l’une après l’autre. Puis qu’on chante pour soi, à tout moment, jusqu’à se laisser pénétrer du sens des paroles.

Sous la douceur sucrée de l’emballage, et la sérénité du chant, pointent alors les ombres de la vie adulte.
On ne se prend pas seule en main depuis ses 16 ans sans y laisser quelques plumes, et on n’arrive pas à 18 ans à Paris sans parler la langue sans une bonne dose de détermination à attraper ses rêves. “When I was a child, everything was easier”*, nous confie-t-elle l’air de rien.

Tout un pan de la personnalité de Siobhan se révèle alors. Cet optimisme volontariste, cette douceur, ne sont pas ceux d’une fille enfermée dans un conte de fée, mais d’une jeune femme qui fait lucidement ce qu’il faut pour garder un pied dans l’enfance (”it’s my paradise, I decide”, Protective sheep)*. Ce qui ne va pas sans douloureuses désillusions dont elle se sort avec élégance (”I can be someone else’s beautiful”*).
Song for Lisa
, comme un moment d’abandon,  nous serre le coeur et nous laisse impuissants. Peu de chanteuses savent nous toucher avec autant de vérité et de simplicité. “How do you reach the one who no longer has the feet on the ground”*? On aimerait tant connaître la réponse.

Malgré tout le succès qu’on lui souhaite, on est presque inquiet pour elle. Plongée dans le grand bain, il lui sera de plus en plus difficile de se protéger et de préserver sa part d’enfance qui la rend si touchante. Faussement fragile, dure au mal, elle saisit comme elles viennent les opportunités, profitant de l’enregistrement pour passer deux mois dans un studio retiré à Woodstock. Avant d’affronter avec Benjamin Biolay la scène du Casino de Paris (près de 5000 places). Après tout il lui doit bien ça, lui qui avait promis de produire son disque :-)
La plus belle des promesses, c’est Siobhan qui la tient, en nous permettant de découvrir sur disque une songwriteuse d’un talent dingue, de celles dont les mélodies nous accompagnent pour longtemps. On compte toutes les chansons d’elle qu’on adore et qu’elle n’a pas pu caser sur l’album, la confiance revient. Elle a pris tellement d’avance, Siobhan. Courez vite la ratrapper !

* : “c’est mon paradis, j’ai décidé”, “quand j’étais enfant, tout était plus facile” ; “je peux être la beauté de quelqu’un d’autre” ; “comment atteindre celle qui n’a plus les pieds sur terre”



Comments

4 Commentaires


  1. 1 cl on mai 11, 2010 12:37

    ton article dit ce que je ressens pour Siobhan à la perfection, je te suis sang pour sang cher binôme ;-) Merci à toi Mathieu de si bien écrire ces émotions et d’y apporter ce fond qui nous permet d’encore plus apprécier la beauté que Siobhan renvoie à ceux qui prennent le temps de l’écouter. Car il faut prendre le temps avec Siobhan pour découvrir l’ampleur de son talent. J’ai mis du temps pour un peu mieux la connaître, un peu mieux la photographier. Siobhan est d’une planète qui m’attire. Siobhan n’aime pas les gens qui parlent fort et je préfère l’écouter. Siobhan me calme. Siobhan me donne envie de regarder dehors et d’apprécier la vie même si “when i was a child, everything was easier”.

  2. 2 David Baron on mai 16, 2010 12:54

    The producer was David Baron not Larry Saltzman.

  3. 3 arbobo on mai 16, 2010 22:58

    time for huge apologies David,
    it’ll teach me not to write too many things at the same time, sorry!

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