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May day : Peter von Poehl juché sur la pièce-montée

par arbobo | imprimer | 23mar 2009

Peter von Poehl a déjà un casier (pardon : un cv) long comme le bras. Non content de parler aussi bien français que son suédois natal, et d’avoir une des plus belles bouilles de la pop hexagonale, le garçon a démontré son talent.
Tout juste sorti d’AS Dragon dont il tenait la guitare, Peter von Poehl a laissé chez beaucoup une impression durable grâce à son premier album, Going to where the tea-trees are. Songwriter doué, arrangeur inspiré, on découvrait aussi sa voix joliment posée. En 2008, il réussissait même l’exploit de rendre attirant et joliment troussé le nouvel album de Vincent Delerm. Chapeau.

Car le jeune homme est non seulement musicien, mais aussi un sacré arrangeur et un producteur de valeur. J’y reviens encore, le 15 chansons de Delerm est si bien mis en valeur que, ne serait une allergie tenace au chant de l’intéressé, j’en aurais repris plus d’une fois au goûter.

Reste que certains artistes sont pour moi des mystères. Je comprends qu’on puisse les aimer, voire les admirer, sans partager ce penchant. Alors que le label Tôt ou tard sort May day, son deuxième album,  le mystère ne fait que s’épaissir.

A sa décharge, je dois dire qu’il n’est pour rien dans ma première réserve : sa voix me rappelle tellement celle de l’élégant Stephen Duffy que je fais inévitablement la comparaison… en préférant le plus ancien des deux. C’est idiot, mais irrépressible. Il reste aussi que May day me laisse un goût de trop plein, la simplicité inspirée et groovy de son ancien Global conspiracy, par exemple, fait défaut à ce nouveau disque. L’irruption saugrenue d’un hautbois sur un titre baptisé Mexico résume assez bien la crise de foie qu’on se chope en se jetant tout entier sur un buffet “à volonté”.
Trop trop trop. A être trop gourmand Peter von Poehl a transformé ses fins mets de maitre-queue en pièce-montée croulant sous la chantilly. Et la chantilly, ça tue un peu le goût du reste. On a croisé plus d’un fan du prmier album qui s’avouait déconcerté par celui-ci et s’empressait d’en parler avec la langue de bois.

Entendons-nous bien, si ce disque était un ratage complet on ne prendrait pas la peine d’en parler. A décharge, on rappelera qu’on a là de vraies mélodies, de vraies chansons et un vrai chant, ce qui n’est pas rien. On soulignera aussi que ce disque est le résultat d’une prise de risque. Plus expérimenté, Peter von Poehl s’est autorisé un nouveau saut dans l’inconnu, pour preuve ce concert de juillet 2008 à la Maroquinerie où il présenta ces nouveaux morceaux, encore des esquisses mal dégrossies. C’est à la fois une marque de confiance envers son public (certainement pas de mépris, pas le genre du bonhomme), et un pari déconcertant qui avait de quoi faire douter de la bonne assises de ces compositions. Paradoxe, je salue l’audace, mais… pas le résultat.

Voilà un disque qui malgré de belles choses porte la maladie de son époque. Depuis un an ou deux fleurissent des disques “de producteur”, qui croulent sous les effets en tout genre, ne laissant pas de place aux compositions pour se déployer, appuyant à l’excès un travail sur le son qui prend le pas sur le songwriting. Sans aller jusqu’à une voix-guitare enregistré sur 4 pistes, il existe une marge, où la pop trouve mieux à se faire entendre.
En particulier, les effets sur la voix deviennent lassant. Qu’il s’agisse de TV on the radio, Animal collective, Beck, du nouveau Holden ou de May day (la vraie liste serait longue), on éteint les voix, tout n’est plus que démonstration de force de virtuoses de studio.

Si l’on ajoute quelques références assez audibles, comme la quasi citation de Glad to see you de America sur le titre Parliement, on finit par ne plus savoir par quel bout défendre cet album.
En ne le prenant plus comme un album peut-être. Sacrilège. Dégagé de son contexte étouffe-chrétien, Near the end of the world est un vrai plaisir. Comme par hasard c’est l’un des moins chargés du disque, avec un May day qui nous embarque enfin. Et qui tiendra jusqu’au bonus An eye for an eye sera récompensé de sa persévérance.



Comments

22 Commentaires


  1. 1 Ska on mars 23, 2009 10:52

    C’est marrant, An Eye for an Eye et sa ritournelle m’insupporte assez… Pas le reste de l’album que j’aime bien… Entre autres pour les raisons pour lesquelles tu t’en éloignes… Oui, justement, j’aime bien ses arrangements (et ceux qu’il signa pour Delerm)… Je n’ai pas l’impression que tout le monde fasse ça, que ce soit une tendance si nette… Ce côté trop-plein ne me dérange pas, du moment que c’est bien fait, que le mec a ce sens de l’écriture, de la mélodie… Reste que je préférais aussi son premier album mais que j’aurais un peu de mal, là, à dire pourquoi…

  2. 2 arbobo on mars 23, 2009 10:55

    tout le monde préfère le premier, ska ^^
    de l’avis de plusieurs fans.
    La différence? de meilleurs morceaux, probablement.

    et quel écart entre sa prod pour delerm, très fine, et celle-ci qui déborde de partout, mais bon, je me répète, laissons la parole à la défense :-)

  3. 3 Ama-L on mars 23, 2009 12:24

    Hu hu moi non plus je ne raffole pas de “An Eye For An Eye”
    Bon ben voilà, c’est vraiment du “pour/contre” des Oreilles à Arbobo.fr. Je devais avoir super faim quand je l’ai écouté, cet album, parce que vraiment il ne m’est pas resté sur l’estomac !

  4. 4 arbobo on mars 23, 2009 12:45

    l’avantage de ce dernier titre, c’est qu’il est audible et pas recouvert par 10 couches de costards dépareillés ^^

    c’était ce que je voualis dire, avoir enfin un peu de chanson ne fait pas de mal, surtout quand on est sur un disque… de chanson ;-)

    mais j’aime bien le côté comparatif de nos billets :-)

    le tien étant là
    http://www.lesoreillesenpointe.fr/post/2009/03/23/tri-selectif-10

  5. 5 Ska on mars 23, 2009 14:10

    Ouhla, on va vous laisser, là… Ça devient aussi poli et pacifié que les pour/contre ciné de Télérama… ;-)

  6. 6 Ama-L on mars 23, 2009 14:41

    Ah, Ska, tu veux des larmes, du sang, des tripes…
    Il faut que tu appelles à la rescousse Christophe et son désormais fameux : “Fight! Fight! Fight!”

  7. 7 Ska on mars 23, 2009 14:49

    “Fight ! Fight ! Fight !” ?
    Ouais…

    Vous trouvez pas que des fois, le Peter il a un peu la voix et les intonations de Phil Collins…

    (eh ouais, je sais, c’est vache, mais depuis qu’on me l’a fait remarquer, je n’arrive plus à écouter May Day de la même manière…)

  8. 8 Ska on mars 23, 2009 14:50

    Par contre, il a plus de cheveux que Phil…

  9. 9 arbobo on mars 23, 2009 15:07

    là j’arrive pas à fighter, parce que pour moi il a la voix, très exactement, de stephen duffy, que j’aime beaucoup :-)

    et je n’ai pas envie de “descendre” pvp, ska :-)
    c’est ce disque en particulier que je trouve faiblard, pour que je préfère souligner son travail avec delerm, c’est un signe ;-)

  10. 10 Ska on mars 23, 2009 15:14

    Cette incapacité à être méchant, c’est un bon résumé en fait… On n’a pas envie de “fighter” sur le PVP… C’est un disque agréable, mais un peu fade, un peu lisse, sans doute… Ça passe, c’est mignon, c’est le genre de disque qu’on a envie de mettre en faisant la vaisselle…
    Bref, on ne se passionnera ni pour ni contre…
    Et je ne connais pas Stephen Duffy…

  11. 11 Ardalia on mars 23, 2009 15:29

    Oh, ce que tu peux être désagréable!
    Désolée, c’était tout le feusanglarmes que j’avais sur moi.
    Et ben : ça donne pas envie.

    (Pareil Delerm, à mon grand regret)

    La confession dont on n’a rien à secouer : en voyant ton “pvp” plus haut je me suis dit immédiatement “putain, ces smileys japonais deviennent de plus en plus compliqués!” avant de comprendre que c’étaient les initiales PvP (ce qui fait encore plus smiley). Foutue sous-culture…

  12. 12 Thom on mars 23, 2009 16:04

    Dingue comme nous sommes d’accord.

    Un album de producteur, voilà, c’est ça !

    En fait le meilleur album de PVP, c’est le troisième Delerm…

  13. 13 arbobo on mars 23, 2009 16:12

    les piqures d’araignées, vous allez finir par me le faire écouter, bande de pervers !

    ardalia : c’est juste énorme ^^

  14. 14 Ama-L on mars 23, 2009 16:15

    Vous êtes rosses, tout de même ! ^^
    “Lisse”, je ne sais pas. J’ai parlé de “distance” par chez moi, parce que je le ressens plus comme ça. Je ne le mettrais pas en faisant la vaisselle, mais en taillant la route ou en me baladant (une bande-son idéale pour se promener dans Paris un jour de printemps par ex).

    Et puis, un album de producteur, en ces temps où les deux tiers de ce qui me passe par les oreilles sont ruinés par une prod’ à la con, très franchement, c’est plutôt agréable.

    Mais bon. PVP parle peut-être à la midinette qui est en moi ;-)

  15. 15 rififi on mars 23, 2009 17:01

    ah ben je suis contente de voir que Ska pense comme moi : c’est Phil Collins qui chante :-) (et ce n’est pas forcément un défaut)
    par contre comme je disais chez Ama-L, je n’aime pas trop l’album, et d’ailleurs maintenant que tu le rappelles, je n’avais pas été convaincue en concert (maroquinerie ou ailleurs, je ne sais plus).
    ceci dit, à propos des albums de producteurs et après l’écoute de l’itw des Elderberries, je me demande si on ne les charge tout de même pas un peu trop de tous les travers qu’on peut trouver à l’écoute d’une prod qu’on n’aime pas. Les artistes sont tout de même là pour dire ce qu’ils veulent, et je fais confiance à un Peter von Poehl pour ne pas se laisser influencer.

  16. 16 arbobo on mars 23, 2009 17:07

    mais ce sont 2 cas extrèmes rififi,
    les elderberries ont 20 ans et n’accordent pas une importance énorme aux disques,
    von poehl EST producteur, et notamment co-producteur de son nouvel album,
    donc les choix de productions je les considère comme les siens, ce qui est d’autant plus paradoxal puisqu’à mes yeux ils ne servent pas les morceaux.

  17. 17 Ska on mars 23, 2009 17:15

    Tu sais, Ama-L, un disque qu’on met pour faire la vaisselle n’est pas forcément mauvais. Au contraire…
    Et puis, peut-être qu’à moi aussi, PVP parle à la midinette qui est en moi… :-)
    En fait, je ne sais pas, il y a un truc bizarre. Autant, je trouvais son premier disque irréprochable, autant je trouve qu’il y a dans celui-ci quelques fautes de goût manifestes, une tonalité variét’, qui le déservent (ce fameux dernier morceau neuneu). Ça n’a rien à voir, mais c’est un peu comme Air depuis Talkie Walkie, qui verse vers la soupe (et s’y vautre désormais, contrairement à PVP qui a, lui, ouf !, de la tenue). J’aime ce disque, j’aime bien sa production, mais il est très facile de lui taper dessus, de moquer la “légèreté” de certaines compositions… Comme un très bon élève qui se laisserait parfois aller un peu trop vers la facilité. Je suis en fait assez déçu… parce que j’attendais beaucoup de lui… Après un si beau premier opus, j’attendais vraiment qu’il enfonce le clou… Et peut-être quelque chose de plus rêche, oui…

  18. 18 rififi on mars 23, 2009 17:17

    ben on est d’accord alors : PVP en tant qu’artiste (et coproducteur) est aussi responsable du rendu “lisse”, ce n’est pas qu’un choix de masterisation
    et si les elderberries n’accordent pas autant d’importance aux albums, ils ont tout de même fait des choix, en tout cas ils le revendiquent.
    et je pense que c’est pareil pour Holden, Animal Collective, Beck… C’était dans ce sens qu’allait ma remarque, il y a un nouveau “truc” en ce moment dans les prods, et tout le monde veut l’essayer (artistes et producteurs), même si ça ne colle pas trop

  19. 19 arbobo on mars 23, 2009 17:32

    des lecteurs qui abondent dans mon sens, on va croire que je poste sous différentes pseudos ^^

  20. 20 Ama-L on mars 23, 2009 18:07

    À peu près d’accord avec toi Rififi,
    à ceci près que les choix de prod d’un Peter von Poehl ou de Holden, on peut les discuter mais ils ont le mérite de “tenter” quelque chose, et puis c’est du cousu main, même si c’est “too much” (à l’écoute de quelques titres de Holden j’ai l’impression qu’ils ont “trop” bossé, c’est beaucoup moins limpide et fluide que sur Chevrotine) ;
    dans le cas des Elderberries on a plutôt l’impression qu’ils sont trop jeunes ou trop verts et qu’ils se sont fait balader par un faiseur qui bosse “à la grosse”, une de ces prods américaines industrielles pour tubes faciles de radios rock.

    Mais pour moi ça ne veut pas dire “charger” le producteur et “exonérer” les artistes : la réa, le mastering, ce sont des dimensions artistiques et quand tu es musicien, savoir ce que tu veux fait partie de ton boulot.
    J’ai eu le même souci avec le 2e Mademoiselle K, pour moi clairement moins bon que le premier parce que la mise en son était très industrielle. Or j’estime qu’à un moment donné le groupe a fait des choix de ce point de vue.

  21. 21 hannah on juillet 19, 2009 21:33

    Alors bon je tombe sur cette discussion et je ne suis pas du tout d’accord…
    May Day est AUSSI bon que son premier album. Ses concerts sont excellents, toujours ( enfin quand Marie Modiano n’est pas dans les parages ).
    Je suis d’accord que An Eye For An Eye ne devrait pas être sur le disque…mais l’erreur est humaine, n’est ce pas ? Pour le reste, c’est un compositeur unique, sa voix est très très personnelle, ses arrangements sont inventifs et sensibles, on est loin des gros sabots du rock Français certes et tant mieux….et les textes souvent EXCELLENTS ( je suis anglaise )…enfin là aussi un bémol, ceux écrits par la fille Modiano sont un peu plus comment dire…niais….beaucoup moins mystérieux en tous cas.
    Sans parler des pochettes qui sont bien loin de l’esthétique franco française et toujours très stylées….
    Moi…s’il y a vait plus d’artistes comme celui-ci…et bien j’achêterais plus de cds ( Cds devenus introuvables si on refuse comme moi d’aller à la Fnac beuuurk ).
    Des bises
    Yours truly
    Hannah

  22. 22 arbobo on juillet 21, 2009 10:22

    bonjour Hannah,
    on est au moins d’accord en ce qui concerne marie modiano ^^

    si tu aimes sa voix, je te conseille d’écouter Stephen Duffy, un de tes compatriotes extrêmement doué qui a fait de très beaux disques de pop dans les années 90.

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