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Topic: des disques...
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Johanna Kunin : une voix se lève à l’ouest

par arbobo | imprimer | 22jan 2010

On était sans nouvelles de la musicienne de Seattle, où, il faut bien dire, la concurrence est aussi rude que dans la “voisine” Portland. Johnna Kunin poursuit son chemin, avec une pop bien ficelée dont sa voix est l’atout maître.


Sunrising

Les plus pointilleux d’entre vous auront souvenir d’une compilation Have a good night (sur le label Blog up) où Kunin chantait un titre inédit. Ce fut la première et la seule occurrence de l’américaine dans l’internet francophone jusqu’à aujourd’hui.

La voix est belle, la musicienne a du talent. Mais ses albums sont inégaux. Pourtant il y a un je-ne-sais-quoi chez elle qui retient l’attention. Cette pop bien calée sur son piano, on en connaît d’autres adeptes, alors on essaie de ne pas s’enflammer trop vite.
Déjà il y a ce timbre, qui rappelle Lhasa lorsqu’il se voile (Underground), ou plus souvent Fionna Apple (Hidden systems) voire Dawn Landes.
Par snobisme de soutenir une inconnue, peut-être, on préfère croire que les faiblesses de ses disques sont le revers de la solitude. Enregistrer seule, sans producteur, c’est se priver d’un regard critique extérieur déterminant. Beaucoup d’artistes importants ont des trous d’air dans leurs albums, alors pourquoi pas cette jeune musicienne sans faux-semblant? De fait, l’entrée en matière de Hidden systems (featherweight) n’est pas rassurante. Un peu chargé, comme du Joe Jackson des années 80.

Alors on y revient, à ce petit quelque chose. L’ensemble piano-basse de the giver’s gone, par exemple. La légèreté de cette voix qui a l’élégance de ne pas exhiber d’arabesques. Mais c’est Ascension qui nous reste en tête, qu’on se repasse avec gourmandise. La petite graine du spleen grandit, chaque nouvelle écoute l’arrose un peu plus. Ascension est fine et triste comme certains titres de Carole King ou Clare and the reasons. Il y a même du Daho là-dessous, écoutez bien, écoutez mieux. Road renvoie encore plus à Carole King, cette colonne vertébrale piano-basse est décidément très 70s, pour le meilleur. Les cuivres ne viennent qu’ajouter quelques couleurs à l’ensemble, sans rien bouleverser. En devenant familier de ce disque, ses imperfections deviennent bien peu de chose.
Le plus beau reste à venir. Avec Sunrising on tient un titre qui touche et qui reste, c’est lui qui nous emporte et nous décide à parler de sa belle interprète. Avec un vrai sens de la narration et des personnages, elle nous fait prendre fait et cause pour ces insurgés qu’on ne peut plus voir autrement qu’en jeunes paumés abandonnés de tous. Un titre aussi beau qui parle de destruction prend au cœur, et tient quasiment du manifeste social.  Un titre qu’on se passe en boucle au moins aussi souvent que Ascension, c’est dire. Poursuivant dans cette veine écorchée, Tomorrow fait penser par moment à Joan as police woman ou Beth Orton, quelques scories en plus. Phantom respire la détresse d’une femme que personne ne vient consoler.
Son premier album Clouds electric, dévoilait déjà le même univers, mi-nostalgique mi-aérien, celui d’une rêveuse consciente de la grisaille qui entoure sa bulle. On y trouvait de beaux moments comme Fireflies ou la tristesse aux poings serrés de Tread softly, le papillonnant Blueberry… On y découvrait une songwriteuse torturée et une interprète touchante.

Elle tient la barre seule, Johanna Kunin. Sa petite barque vogue comme elle peut, et elle doit faire appel à la générosité de ses fans pour financer son art. A partir de 15$, vous pouvez passer pré-commande et ainsi financer la sortie de Hidden systems, et en recevoir dès maintenant la version numérique.

Comme ce titre m’a particulièrement touché, et intrigué, j’ai demandé à Johanna ce qu’il y avait derrière Sunrising. Merci encore à elle.
“Sunrising is a song about being a teenager — feeling powerless and not yet incorporated into adult society, but inherently rising up beneath it.  And although I used the word “we,” it is actually only about one person who is encountering a new, rebellious part of herself.  When I wrote it, I was thinking about the way that my childhood fantasizing evolved at that age.  The references to burning down schools and stealing cars and vandalism are not references to things I actually did, but things I may have wanted to do at times.  Like so many other teenagers, I felt some anger and frustration and maybe had a romanticized notion about being a hoodlum and bucking authority.  In the song I wanted to capture that sort of in-between time — in between being a child with childish make-believe fantasies and a teenager who imagines ways of gaining some control over her environment — because I think it’s interesting that at that age we feel both like children who want to be taken care of and like adults who resent being told what to do.  When I wrote this song, I was visiting a place that I hadn’t been to since I was about 15 years old.  I think that’s what sent my thoughts in that direction.

En V.F. :
“Sunrising est une chanson sur l’adolescence, quand on se sent impuissant et pas pleinement intégré à la société des adultes, mais en train d’émerger sous elle. Bien que la chanson dise « nous », elle parle d’une personne, en train de découvrir une nouvelle facette d’elle-même, rebelle. En l’écrivant, je pensais à la manière dont mon imaginaire évoluait à cet âge. Les références à l’incendie d’écoles, au vol de voitures et au vandalisme, ce ne sont pas des actes que j’ai commis, mais il y a des moments où j’ai pu être tentée de le faire.
Comme tellement d’autres adolescents, je ressentais colère et frustration, et j’avais sans doute une image romantique du caïd qui défie l’autorité.
Dans cette chanson j’ai voulu capturer un moment d’entre-deux, entre l’enfant qui croit à ses fantasmes enfantins, et l’adolescente qui imagine des moyens de prendre le contrôle de son environnement. Parce que je trouve intéressant cet âge où l’on se sent à la fois un enfant qui veut qu’on prenne soin de lui, et un adulte qui déteste qu’on lui dise quoi faire. J’ai écrit cette chanson dans un lieu où je n’avais pas mis les pieds depuis mes 15 ans. Je pense que cela a orienté mes pensées dans cette direction.”

Plus tôt vous lui apporterez votre aide, plus tôt Hidden systems sortia pour de bon dans les bacs!



Comments

6 Commentaires


  1. 1 Christophe on janvier 22, 2010 11:06

    En fait je l’ai trouvé sur radipshare gratos, c’est toujours ça de gagné.

    :o/

    :D

  2. 2 arbobo on janvier 22, 2010 12:08

    pour le prix, tu as gagné le droit de lui faire livrer un bouquet ;-)

  3. 3 christophe on janvier 22, 2010 14:03

    B’en c’est très joli et pas trop neuneu. Je dis pas que ça ne m’intéresserait pas finalement.

  4. 4 Thierry on janvier 23, 2010 0:56

    C’est quand même un peu formaté RTL 2, non ?
    Ca m’évoque vaguement Tasmin Archer, aussi, avec son fameux Sleeping satellite en 1991-92.

  5. 5 Thierry on janvier 23, 2010 1:01

    En parlant de Tasmin Archer, je me grille grave ^^. (Bah ! J’avais 19 ans à l’époque …)
    Surtout que je vais d’en réécouter qqes secondes et que ça n’a pas grand chose à voir, finalement.
    N’empêche que ça m’évoque quand même des tas de chanteuses déjà entendues.
    OK avec Christophe, c’est très joli et pas trop neuneu, mais c’est pas très fin quand même :-(

  6. 6 arbobo on janvier 23, 2010 13:29

    je vois où tu veux en venir pour Tasmin archer et la radio,
    c’est vrai que le tout ne fait pas très “indé”,
    mais je reste client :-)

    quel snob je fais, pour dire du bien d’une musique plus “facile”, il faut que j’aille chercher une inconnue ^^

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