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Topic: des disques...
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Hoquiam, St Bartlett : 2010, une année Jurado

par arbobo | imprimer | 17juin 2010

“Secretely canadian”, le nom est bien trouvé.  Damien Jurado est l’un des rares à avoir franchi la frontière dans le “mauvais” sens, à avoir quitté Seattle et son label fameux Sub-pop, pour s’installer chez Secretely canadian. Il doit y avoir à celà d’excellentes raisons, mais l’écoute de ses disques en donne déjà de très bonnes.

Damien a déjà sorti 10 albums en 13 ans, entre folk et chansons paisibles, préférant l’intimité et la qualité d’écriture à la promotion et la rentabilité. Et si ça se trouve on lui fout une paix royale chez SC.
Tant mieux pour nous, car cette liberté il la met à profit en s’affirmant comme un des plus doués de sa génération, quoique certainement pas le plus connu.
Et en 2010, en Amérique du nord ce sera l’année Jurado. Jurado frères, même, car Damien publie coup sur coup un album solo et un duo avec son frère sous le nom de Hoquiam. Deux très beaux disques, entre lesquels on a un peu de mal à choisir.

Hoquiam sonne peut-être un peu moins personnel (et encore…), c’est logique lorsqu’on partage l’écriture. Le disque est aussi modeste que la petite ville dont il emprunte le nom (et qui donna déjà le titre d’une chanson à Damien). C’est un de ces disques de folk moderne, pas très orchestré mais bien arrangé, et qu’on dit “folk” un peu par défaut, parce qu’on n’arrive pas à le trouver vraiment blues, et malgré son côté répétitif sous-jacent.
Hoquiam sonne un peu comme un disque de Damien Jurado, un peu seulement, ou alors chanté par les Fleet foxes expliquant à leurs potes comment ça donne.
Mais le rock revient dès le 3e titre, on retrouve ses mélodies aussi. L’enchainement Wooden puis Ocean shores est d’ailleurs un régal, et Madison fait un peu penser aux Go Betweens.
Les frangins y sont tout en retenue, dès le choix du son de guitare, ils ont une manière d’estomper l’orchestration pour n’en conserver que ce qui fait tenir le morceau debout. C’est ce qui les rapproche de songwriters discrets et au goût sûr comme Jenn Ghetto de “S”, par exemple.

Sortir deux disques la même année, sous deux noms qui plus est, on voit bien que Damien Jurado a séché les cours de marketing (mmarsu est un des rares à en avoir parlé). On entend vite qu’il consacrait ce temps à quelque chose de bien plus sérieux, se faire de la corne sur les doigts et sur les cordes vocales. Quoique non, pas celles-là, lui qui ne force pas la voix et préfère la jouer en douceur.
Il est loin le temps où, débutant chez Sub pop, il s’efforçait d’envoyer du lourd et de conquérir les radios des campus US. Là, juste avec son frère et une grande économie de moyens, on dirait qu’il n’a cherché qu’à se faire plaisir et partager un moment privilégié. Hoquiam n’est pas un disque ambitieux, et le seul reproche qu’on ferait aux Jurado serait d’avoir gardé un peu trop de titres. En resserrant le tout sur la meilleure dizaine, comme Fake teeth, on l’apprécierait encore plus. Hoquiam ne bouleverse aucune frontière, mais on le trouverait peut-être magnifique si Damien n’avait pas publié un autre album qui lui fait de l’ombre.

Saint Bartlett, c’est son titre. Et là, en parlant de Canada, il fait un clin d’oeil très appuyé à l’ainé buriné, le vieux Neil Young auquel Wallingford semble dédié (ou emprunté en cachette, qui sait). Damien Jurado est enfant de son époque, il change régulièrement de style, parfois sur le même album.
Difficile de dire s’il s’est cherché, ou s’il est juste très gourmand.
Il y a un an, on écoutait en boucle Gillian was a horse, et on bavait sur le talent grandissant de ce garçon. C’était mérité, mais le meilleur restait à venir. Avec Saint Bartlett, Damien Jurado tient son magnum opus, son grand album.

De la première à la dernière note, sa voix nous prend, cette voix de gorge serrée qu’on reconnaît maintenant entre cent.  On ne lui reprochera pas les petits clin d’oeils, le filigrane de Nights in white satin dans le final de l’album, le côté Phil Spector de Arkansas, les incursions vers Neil Young… les maîtres n’ont pas à en rougir.


Rachel and Cali

Damien Jurado est avant tout un remarquable songwriter, et il s’est surpassé. On remerciera aussi Bon Iver pour ses débuts éblouissants qui ont fait des émules. La mélopée de Rachel & Cali, portrait croisé très touchant, lui doit beaucoup mais pourrait aussi figurer sur le bel album de Carp. On aime tout sur ce disque, qui monte parfois jusqu’aux sommets avec Cloudy shoes ou Throwing your voice, la mélancolie qui s’en dégage donne envie de se passer des films en noir et blancs, le son au minimum, pour laisser le regard d’une Marilyn ou d’un Mitchum nous atteindre.
Atteint, c’est ce qu’on est au son de Kansas city, de the falling snow… Oui on va finir par toutes les citer, parce que c’est à la longue qu’on a finit par comprendre la mue. Ce léger poids sur le rond central qui ralentit la course du 33 tours. Du blues, de la soul, Damien a appris à étirer son chant, lui donner une épaisseur nouvelle, une chaleur communicative.

Au sommet de son songwriting, chanteur révélé à lui-même, Damien Jurado vient d’apporter sa contribution aux grands disques de l’année. Les chants désespérés sont toujours les plus beaux, nous dit Saint-Bartlett. On a trouvé où aller passer l’été pour se ressourcer.



Comments

2 Commentaires


  1. 1 mmarsupilami on juin 17, 2010 20:19

    Je ne sais plus très bien si et où je l’avais reprise, mai j’aimais assez bien l’étiquette “fok urbain” pour Hoquiam.
    Sinon, je dois encore écouter le Jurado..
    ;-)

  2. 2 arbobo on juin 17, 2010 23:47

    justement je les trouve pas très urbains, mais modernes oui, enfin chacun y met les mots qu’il veut ^^

    et pour moi ce jurado est encore meilleur que hoquiam :-)

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