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Factory by Peter Saville

par arbobo | imprimer | 21mai 2007

Manchester fut. Et elle fut grande. Et Liverpool avant elle, et Bristol après elle. Soit. Ok. Bon. D’accord.

Pas de quoi en faire un plat. Sauf que la grande époque tournait en grande partie autour du label Factory. Et un livre paru chez Thames & Hudson retrace 20 années de pochettes de disques de ce label. Alors on s’assied et on en parle. Maintenant !

Ne me prenez pas pour un fou avec mes goûts à la con, je connais au moins 3 personnes (en dehors de moi) à qui un tel bouquin ferait plaisir. Peut-être même 4 !
Ce festival de Cannes est l’occasion de présenter Control, le premier biopic consacré à Ian Curtis, chanteur de Joy Division, figure vénérée par de fans toujours aussi nombreux. L’ami Thomas B en parle fort bien ici.

J’aurai l’occasion de revenir sur d’autres collections de pochettes, ce secteur de l’édition est relativement bien fourni. Si on compare ce livre, ce sera avec celui consacré aux pochettes de Blue note, le fameux label de jazz. Généralement on compile les pochettes soit autour d’un artiste, soit d’un genre musical, mais pour se consacrer à un seul label il faut non seulement que la matière le justifie, mais aussi que son aura soit suffisamment vendeuse.
Alors il est difficile de parler de ce livre sans prendre le plaisir d’en dire un peu plus sur Factory. Aucun rapport avec New York, pour ceux qui penseraient à la factory d’Andy Warhol… et pourtant. Le film 24 hours party people retrace l’histoire des années Factory à Manchester. Histoire courte, de 1978 à 1992. 15 années qui ont changé la face de la musique anglaise aussi sûrement que l’ont fait de leur côté the Cure ou the Smiths.

Factory est une entreprise totale, pas tout à fait au sens de la Motown de Berry Gordy, où il décidait de tout y compris qui chanterait quoi, mais totale à sa manière. Si ce livre est paru en septembre dernier, c’est parce que peu de labels rock sont à ce point associés au graphisme, en dehors de 4AD, pour ceux qui connaissent. Mais là où l’on retient généralement de 4AD (le label des Pixies, de Dead can dance…) les pochettes d’un seul artiste, Vaughn Olivier, pour Factory c’est l’ensemble qui a marqué. Peter Saville, co-fondateur de Factory et qui était derrière la plupart des pochettes, est moins devenu une star indé que Olivier.
Factory, entreprise totale également parce que pour la première fois un label était associé à une salle de concert/boîte de nuit, la célèbre Hacienda qui attirait à Manchester des fans du monde entier. C’est là qu’un certain Laurent Garnier devint une star mondiale de la techno en tant que DJ résident dans les années 90.

Factory-company.jpgCar l’histoire de Factory, c’est celle d’une démarche d’avant-garde. Fondé en 1978, le label porte d’abord la crème de la New Wave, entendez par là son versant le plus pur et dur, Joy Division, Durutti Column, Cabaret Voltaire, A certain ratio, ou l’incroyable The Fall, autant de groupes qui ont joué un rôle considérable dans la musique des années 80. Mais à la Factory, puis à partir de 1982 dans un nouveau lieu, l’Hacienda, on savait aussi danser.

New Order, né des cendres de Joy Division après le suicide de Ian Curtis, a fait transpirer des millions de personnes avec ses singles. De même qu’Orchestra Manoeuvres in the Dark, qui a débuté chez Factory avant de partir prospérer chez Virgin. La dance, et même un certain hédonisme pop, on les trouve aussi chez James, groupe qui pour le coup n’a plus grand rapport avec la new wave. Pas plus que les Happy Mondays, groupe qui a fait entrer l’acide (et l’extasy) dans toutes les maisons d’Angleterre.

Voilà pour un rapide tour d’horizon du label. Un label qui rime avec explorations, et avec une incroyable sûreté de goût. Difficile de trouver du mauvais dans l’incroyable catalogue Factory. Car cette manufacture respectait bien son appellation, en restant un label de taille moyenne malgré ses incursions en Belgique et aux Etats-Unis. La qualité primait sur la quantité.

Facd05-movement.jpgGraphiquement, les débuts du label sont assez frappants (désolé mais il fallait bien que je revienne à mon sujet du jour, tout de même ;-). La pochette choisie pour la couverture du livre est bel et bien d’avant-garde… mais en citant une avant-garde picturale des années 1920!
Et je trouve ça proprement génial. Alors que le punk est encore à son court apogée, et que le public de Joy Div est loin d’être un concentré d’intellos, Peter Saville impose un graphisme d’une exigence inédite, et prend le parti de ne pas utiliser de photos (elles sont apparues plus tard dans le catalogue). Graphisme, peinture, collage, les pochettes les plus célèbres du label n’ont pas leur place à la Maison de la photographie mais plutôt à Beaubourg, entre les constructivistes soviétiques et Mondrian.

D’ordinaire les catalogues de pochettes de disque parlent aux fans de musique, ici on tient un des rares ouvrages de ce type qui ne dépare pas dans la bibliothèque d’un amateur d’art, même s’il n’a jamais entendu parler de the Fall ou de Ian Curtis. Sacrée prouesse.



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