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Double U, Pineapple dream

Il doit bien se marrer Pavlov, de voir le blogueur démontrer inlassablement que ses réflexes sont conditionnés. Sauf qu’au lieu de dire “donne la papatte”, il suffit de prononcer le nom d’une de ses égéries… Quand on vous disait que les featuring servent à faire parler d’un disque inconnu ^^

Mais oh, eh, c’est tout de même pas notre faute si Laetitia Sadier a un goût infaillible et une curiosité musicale inentamée. Et puis soyons justes, elle ne prête sa voix que sur le premier titre de l’album.
Pour le reste, Double u se débrouille tout seul, et il le fait très bien.

Pineapple dream

Il est petit, le catalogue de wool recordings, mais il contient un 45t avec Sarabeth Tucek et Franklin. Alors on a probablement raison de leur faire confiance. Or sous le pseudo de Franklin, on trouve le même homme que derrière The double U, Franck Rabeyrolles. Avec persévérance, il a déjà accumulé 5 albums sous ce nom de groupe. Producteur, remixeur, un peu touche à tout quoi.

Et bon, il touche sa bille le Frank. Il me fait penser à Kim (l’autre foufou, là), en moins funky, en moins jouet, en plus lent. Plus dans les ambiances aussi. Ce Pineapple dream, il s’écoute à chaque fois de la même manière. Passé le frisson d’avoir entendu Laetitia Sadier, on hésite. On se demande si tout ça est si excellent, au fond. Mais on laisse, on laisse l’album dérouler jusqu’au bout. Et une fois fini on se dit que tiens, c’est vrai ça, et si j’en parlais à machin (et à bidule aussi, ça peut lui plaire à bidule).
Un de ces albums, un de ces artistes qui inspirent et expirent “l’air de rien”. Alors l’air de rien, c’est déjà la cinquième fois qu’il fait le coup, et c’est un de ses meilleurs albums, voire le meilleur.
Comme ça, “prouve le!” Holala pépère, tu m’as mis au défi, moi je vais te mettre à l’amende :-)

La première preuve vient du morceau Pineapple dream, très beatlesien ok, mais aussi baigné de tout ce que le folk et le psyché ont donné d’enfants illégitimes, qui grimpent pieds nus dans les arbres dans le soleil couchant, et bronzent sur le toit de la cabane à l’abri des regards. J’adore cet écho, cet harmonica qui se prend pour un bandonéon.
Puis vient I made up my mind. Malgré ses menus défauts (un beat électronique perdu dans un break, on ne sait pourquoi), sa guitare et son refrain sont imparables, et c’est vers lui qu’on se retourne en fin de disque. Comme quoi c’était un mensonge, the Double u sait aussi faire danser. Un demi mensonge seulement, car les rêveries au ralenti sont de beaux moments de cet album, on y trouve une tristesse entre Tindersticks et Mazzy star (mais qui ne donneraient pas envie de se suicider, je sais, c’est pas facile à imaginer).
The pineapple dream est le digne successeur d’une bien belle discographie. Il est solidement et élégamment construit, sans les petites touches électro superflues auxquelles il nous avait habitué. Il apporte une sobriété de ton qui pourrait faire chavirer les amateurs des Besnard Lakes chagrinés par leur dernier album, par exemple. Il pourrait bien faire rêver les rêveurs, et se mâchonner des oreilles, comme un brin d’herbe musical.

Pinapple dream sort le 22 mars