Crayon angels : sage hommage à Judee Sill

par arbobo | imprimer | 10déc 2009

Curieux, ça, tout de même. Voilà un disque dont la parution à venir a été annoncée tout partout… et dont la parution n’a donné lieu à aucun article.

Pourtant, ne serait-ce que par respect pour la fée détruite, l’ange vautrée dans la boue que fut Judee Sill, et par respect pour les magnifiques morceaux qu’elle nous a laissés, il faudrait en parler.
Alors qui trouve-t-on dans cet hommage, ce tribute comme ils disent. Crayon angels, vous pouvez l’écouter sur le player du label.  Fryda Hyvönen avait dévoilé par avance sa contribution, une version de Jesus was a cross maker, qui est un des plus beaux moments du disque. On aurait aimé qu’elle fasse preuve de cette finesse là pour son nouvel album, qu’on aurait adoré à coup sûr.

Le label American dust a savamment dosé les songwriters de haute réputation tels Ron Sexsmith, Beth Orton (dont on n’entendait plus parler), Daniel Rossen (Grizzly bear, Department of eagles), Marissa Nadler, Bill Callahan (Smog), et tête nouvelles ou inconnues. Pour ce qui est des morceaux, Sill n’ayant laissé que deux albums et un (beau) live, la sélection laissait augurer peu de surprise.


Soldier of the heart

Honnêtement, la lecture du casting est plus excitante que l’écoute du disque. Un disque pas très aventureux, dont le défaut serait d’être trop respectueux. On n’a pas fini de le répéter, la reprise est un art d’équilibriste. Trop proche de l’original, on n’y apporte rien. Trop appropriée, on perd la substance du morceau. Sur les quinze contributions, certaines versent dans le premier défaut, la facilité du “on n’a presque rien touché, tu es très bien comme ça” qui fait la fortune des coiffeurs. Beth Orton apporte son beau timbre de voix (quand on reprend Judee Sill, c’est le minimum requis), mais pas beaucoup plus, quoique Trembling blue stars démontre qu’on peut faire encore plus timide et calqué sur l’originale.
Bill Callahan, au contraire, s’est presque trop éloigné. Mais le plus dévoreur est Daniel Rossen, qui réussit à faire passer Waterfall pour un titre de Department of eagles. Avec un certain bonheur, il faut dire.

Marissa Nadler a voulu tirer “le” titre de Sill, the kiss, vers un dénuement à la Mazzy Star. Au fond de l’oreille, c’est la version de Judee qui résonne, preuve qu’il n’était pas aisé de s’en sortir. Plus malins, Ron Sexsmith (Crayon angels) et Final fantasy (the donor) donnent un moment l’impression de suivre la ligne blanche, mais on les retrouve faisant du tricot entre leur vision du morceau et celle de Judee. On a juste ce petit pas de côté qui ajoute des reflets sans dénaturer. Pas exactement audacieux, mais bien vu.

Finalement le coup de maître vient d’un outsider. Cette compilation est dominée par le titre de Nicolai Dunger. Prenant acte que la force de Judee Sill est dans la mélodie, l’interprétation, et le timbre, il bouscule Soldier of the heart avec son interprétation, et en bouleversant entièrement le rythme. La ballade pop devient un titre de jazz audacieux, haut de gamme. voilà qui donne envie de découvrir son album solo à paraître chez Fargo :-)

On se disait qu’un tel disque était aussi nécessaire, car Judee Sill mérite l’hommage, que casse-gueule. On imaginait mal ses morceaux portés par une autre voix, elle qui chantait comme si vie, sa mort, son salut en dépendaient. On réalise mieux pourquoi personne n’avait osé plus tôt s’y frotter.



Comments

6 Commentaires


  1. 1 lyle on décembre 10, 2009 19:13

    “la parution à venir a été annoncée tout partout… et dont la parution n’a donné lieu à aucun article.”

    Bah oui, mais encore faudrait-il qu’il soit disponible chez mon crêmier ce disque pour que j’en parle…

  2. 2 arbobo on décembre 10, 2009 19:18

    15$ franco de port via le site du label :-)
    mais tu es prévenu, sans être mauvais, c’est un peu en deça de mes attentes.

  3. 3 lyle on décembre 11, 2009 7:38

    Je ne commande pas en ligne…

  4. 4 Mmarsupilami on décembre 11, 2009 8:10

    Ca m’énerve toujours un peu les hommages fait par des gens que je connais et apprécie (Nicolas Dunger n’est pas un outsider ;-) à quelqu’un que je ne connais pas! Ca m’irrite parce que cela souligne les pans béants de mon inculture…
    :-)
    Tu me donnes un petit mode d’emploi pour découvrir l’originale?

  5. 5 Mmarsupilami on décembre 11, 2009 8:12

    Sorry, je me suis rendu compte après qu’il y avait un lien sur son nom.
    J’irai lire ça plus tard…
    Merci!

  6. 6 arbobo on décembre 11, 2009 9:36

    de rien ^^

    quand je parle d’outsider, c’est surtout eu égard à la célébrité des uns et des autres :-)

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