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Topic: des disques...
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Comelade, Johnston : les héros sont fatigués

par arbobo | imprimer | 30nov 2009

Les honneurs arrivent parfois trop tôt, pourraient dire tous ces groupes annoncés comme les nouvelles perles du rock et qui ne confirmèrent jamais (Milltown brothers, qui se souvient?).
Les honneurs arrivent parfois trop tard, devraient répondre Daniel Johnston et Pascal Comelade.

Chacun à sa manière reçoit une forme de consécration ou d’attention inédite cette année, alors qu’ils sortent parmi leurs albums les plus dispensables.

Pascal Comelade sort de deux concerts à Beaubourg, et a exposé ses instruments jouets au musée des Arts Déco jusqu’au 8 novembre.
Il a sorti en 2007 un album et une compilation retraçant la deuxième partie de sa carrière (pour la 1e, c’était déjà fait). Mais autant Mètode de rocanrol valait le coup en 2007, autant A freak serenade ennuie. Un coup dans l’eau, ça arrive dans une discographie aussi fournie.
Il y a bien quelques morceaux qui émergent, comme El misteri del triangle del vermut, et son climat de bal post-soviétique, suivi d’une version délirante de Ramblin Rose, qui a conservé juste ce qu’il fallait de rock pour que le détournement fonctionne.

Pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent, un peu d’autocitation, pas des masses d’inspiration, et l’impression désagréable d’un groupe qui se regarde jouer du second degré au troisième degré etc.

Fin de cycle ou pause détente, cet album touche les limites de l’approche quasi clownesque de la musique dans laquelle il s’est engagé. Et on écrit ces mots avec une admiration sincère pour les clown. Venu d’une musique expérimentale, répétitive, minimaliste, bref pas sexy du tout et pas très “popu”, Comelade a progressivement intégré de plus en plus la mélodie et des instruments enfantins. Dès le début des années 80 cette évolution est perceptible.
Depuis, il n’a eu de cesse de clamer son ancrage dans les musiques populaires, catalanes ou non.
Humoristes de one man show, danseurs, performers, et clowns (qui sont un peu tout ça à la fois), savent que la frontière entre le quotidien sublimé et le quotidien banal est mince. Tout le talent tient dans un “presque rien” indéfinissable. Et quand on se mêle d’humour, l’exercice est encore plus périlleux.

C’est l’étrangeté de Pascal Comelade, parti de l’inaudible pour aller tutoyer le sifflement du passant. Ukulele en plastique désaccordé, piano jouet, inventions sonores et trouvailles scéniques de son bel canto orchestra, Comelade travaille le pont intérieur entre l’enfant et le mélomane, sorte de Tim Burton musical. Musical mais pas musicologue, le côté bricolé de l’affaire n’étant pas sans rapport avec son parcours autodidacte.
Comelade peut ravir n’importe quel auditoire, enjouer les parents et faire danser les gamins, mais il restera toujours un freak. Un bizarre hors des chemins battus, plus vénéré par les fans d’underground que du grand public. C’est injuste et c’est pourquoi il fallait saisir l’occasion de ce disque inutile pour parler de son auteur, ô combien nécessaire.

Le parallèle s’impose avec Daniel Johnston.
Songwriter inspiré et tourmenté, Johnston dépense plus de temps à lutter contre ses démons et la dépression (il est bipolaire) qu’à jouir de la musique. On se sent un peu salaud, du coup, de ne pas lui savoir gré d’un album où il semble plutôt en forme.

Cette année plusieurs de ses disques ont été réédités, ce qui est d’autant moins du luxe que, outre des tirages chiches, beaucoup de ses morceaux sont parus sur des cassettes ou ont été enregistrés dans des conditions indignes de ses morceaux.

Oui mais voilà, certains de ses meilleurs morceaux sont justement là, sur ces enregistrements à la cuisine avec un pauvre magnéto et un mauvais micro. Comme ce Speeding motorcycle repris brillamment par les Pastels.

Johnston ne cesse de composer et d’enregistrer, qu’il aie à disposition un studio digne de ce nom ou un magnéto de fortune. Rares sont ses disques qui conjuguent la qualité sonore et celle des morceaux. Lost and found est peut-être son chef d’oeuvre, de ce point de vue. Longtemps référence obscure citée dans les revues spécialisées, Daniel Johnston a cessé d’être d’être ce secret bien gardé, au point qu’on lui consacrerait en ce moment un “biopic”, un film sur sa vie, comme Jim Morrison, comme Johnny Cash.

Sortir un album moyen l’année où plusieurs anciens sont réédités, c’est cruel. Or Is and always was n’apporte pas grand chose à son oeuvre pléthorique et inégale. S’il y a bien une chose que Daniel johnston ne fait pas ou trop peu, c’est le tri. Une chanson écrite = une chanson enregistrée. Fake records of rock’n'roll a le bon son clair du studio, sans fioritures, et cette pêche de ses meilleures charges rock. Car Johnston a toujours su sortir de bon gros rocks américains à faire rougir Springsteen.
En ce moment Johnston est dans une bonne phase, il écrit, il vend (un peu), il se produit en concert, et même lors du festival géant South by South West d’Austin au printemps dernier.

Daniel Johnston a toujours son humour morbide, le sens inné de la mélodie qui en fait un des grands songwriters d’aujourd’hui, cette voix pincée avec parfois un cheveu sur la langue. Et ce n’est jamais vraiment mauvais, c’est même pas mal du tout de ricaner avec lui sur Queenie the doggie, ou de se prendre pour Lennon sur Light of day. Mais High horse sonne comme 380 groupes anglais, français, américains (et encore j’ai dû oublier un zéro). Quant-à Without you, on dirait un bonus de la BO de Fame, coupé au montage (en cherchant bien on doit pouvoir trouver Phil Collins affalé sur la console).

On aimerait que certains artistes ne fasse jamais de mauvais disques. Mais tant qu’ils ne se ridiculisent pas, on peut leur pardonner des faux-pas comme ceux-ci. De là à acheter ces disques poussifs…



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