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Topic: des disques..., transversales
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Biolay, Eldia, Los Chicros, the Heavy, Yo la tengo, claquent les doigts devant leurs jukebox

par arbobo | imprimer | 20nov 2009

“Hé, on vient d’enregistrer un truc dément, de la pop de folie, au début on a appelé ça Martha my dear et puis on a changé parce que c’était un peu nul comme titre. Ca te plait?”

“Pisse-froid, va, calme ta joie, c’est bien ou pas?”

“Déjà entendu, t’es dur là… ça sonne anglais  comme tu dis, mais bon… Qui ça? Comment ils s’appellent? Paul et John? Déconne pas, pourquoi pas les Beatles tant que tu y es”.

Après avoir beaucoup dit, ici et ailleurs, que l’époque actuelle manque de style propre, il faut changer d’angle. Et tenir compte du shaker géant qu’est-ce devenu le monde de la musique, un shaker où l’on mélange courants, influences, genres. Mais l’art du cocktail réussi n’est pas donné à tout le monde. Un spécialiste célèbre va jusqu’à donner lui-même ses instructions : “shaken, not stirred!”

Eldia a sorti un 4 titres pas mal, et Los Chicros un album pas minable. Des disques jukebox, sans continuité ni cohérence. Des disques à écouter titre par titre. C’est tout le paradoxe des Chicros, qu’on a connus si doués en émules de Pink Floyd, d’avoir fait un vrai concept album et d’échouer pour cette même raison. Le concept consiste à construire le disque comme un parcours radio, chaque ambiance ou style étant introduit par une radio différente de leur création.
Le fil conducteur est malin, mais artificiel, et au final on se dit que The Do, avec un album tout aussi multifacettes (une fois à la tv j’ai entendu “polyfacétique”, je vous garantis pas la provenance), faisait moins de manière. Les Chicros ont déjoué à force de vouloir trop bien faire. Los chicros, Amélie Mauresmo, même combat?

Prenons le Eldia. Il débute à la Beatles jusque dans le chant, le son de la voix, les arrangements… et se termine façon Beatles encore, mais versant plus rock. Entre les deux, est revenu aux années 80-90, tendance Sonic youth, Pavement. On a fait ensuite un détour par les Stranglers et un glam rock façon Bowie désabusé.
Tout est bien fait, dansant comme il faut, accrocheur autant que nécessaire.
Mais ils ne font pas mieux que Lenny Kravitz dans la reconstitution historique, les tubes monstrueux en moins.

“Ayé” dit fièrement l’un.
“Regarde… sans les mains” dit l’autre.
Oui, on finira par le savoir, les français savent désormais tout faire, n’ont plus rien à envie en style et en finition aux Anglais ni aux Américains. Maintenant il est temps de dépasser le stade de la divine surprise et s’autoriser un peu plus d’audace. Un peu plus de cohérence aussi, faire le pari d’une identité, au moins le temps d’un disque.
Les disques fourre-tout m’ennuient toujours un peu, aucun rapport avec la nationalité puisque j’ai ressenti la même chose à l’écoute du dernier Akron/family.

Eldia, Los chicros, feraient bien d’écouter un peu moins de musique. Ils ont bien assez de bagage comme ça, et s’il est un peu tôt pour les traiter de surdoués, il n’est pas impossible qu’ils le soient. Alors gardons leur un coin d’oreille, en leur souhaitant le brin d’audace qui les fera passer de musiciens doués à artistes qu’on veut suivre.

C’est à la fois un peu dur et plein d’estime que de les traiter de la sorte. Mais c’est le paradoxe de l’époque. Un niveau musical qui s’élève, une culture musicale de plus en plus maîtrisée, et une question qui grandit. Artiste ou artisan? Inspiré ou bon faiseur?
Etre capable de faire de bons titres dans des styles sans aucun rapport, est-ce le signe d’un grand talent, ou la preuve d’un manque de personnalité? La preuve par Bowie ne suffit pas, on ne peut invoquer sans cesse les génies sous prétexte qu’on sait photocopier des Picasso.

Même les très estimés Yo la tengo se prennent les pieds dans le tapis, et la dégustation annoncée vire à un pannel test. Comme quoi ce n’est pas qu’un mal français. “Et ce bouton, il sert à quoi? “Oh regarde, une moulinette très rigolote, on l’essaie? “Et si je rajoute un peu de curaçao, on fera pipi bleu?” Un vrai catalogue Habitat de la musique, qui file le tournis et amène à se demander s’ils sont musiciens ou transformistes.

The Heavy a poussé le vice encore plus loin, en mélangeant des genres dont les publics sont rarement les mêmes. Gros rock 60s (versant Stooges et garage), funk à la James Brown, rythm’n'blues singeant Screamin Jay Hawkins, pop consensuelle, néo-reggae, et folk! Chez Pompon, tailleur de père en fils, on habille la femme et le garçon de 3 mois à 118 ans.

Après avoir réglé leur compte à tout ce beau monde, est-ce qu’on doit définitivement installer un toboggan qui relie la boîte aux lettres “divers” à la poubelle?
Non pas. Confer l’exception Bowie (voir plus haut, figure b page 12).

Ne rêvons pas, Bowie reste unique en son genre. Mais dans la catégorie “monstres”, la France en a enfanté un. Un ogre. Un dévoreur, engloutisseur vorace de tout ce qui se grave sur vinyl, CD ou disque dur.

Avec La superbe, Benjamin Biolay cloue le bec à tous ceux, dont je suis, qui lui réservaient du bout des lèvres un accueil suspicieux. Plus ambitieux que jamais, à la limite de la suffisance, Biolay nous fait une vraie démonstration. Au mur, on est. Scotché. Bluffé par l’étendue et la qualité de ce festin. Un grand mezze sorti de quelque défi herculéen.

L’espoir reste permis. Mais retenons la leçon et mettons comme de juste la mise en garde prévue par le norme NF : “ne convient pas à un enfant de moins de 36 mois”. Le mélange de styles, bébé, c’est pas pour les tinenfants!



Comments

10 Commentaires


  1. 1 Xavier on novembre 20, 2009 0:10

    OK pour Akron Family. Par contre, le Yo La Tengo, je ne comprend pas trop ton analyse. Je l’ai moi meme trouvé assez chiant (alors que j’adore d’habitude), mais lui reconnais au moins la qualité d’une certaine cohérence, là où le précédent partait dans tout les sens (un titre = un style). Il m’avait bien plu à l’époque, mais je l’ai très peu écouté depuis, pour cette raison je pense. Ou parce que je me trompais et prenais à la place un disque de leur milieu de carrière ;)
    Biolay? un double album? je ne suis pas encore près… dans 20 ans peut etre….

  2. 2 arbobo on novembre 20, 2009 12:37

    la faille dans ton raisonnement, c’est qu’elle implique que je me serais trompé quelque part.

    tu vois un peu, ahlala, quelle blague.

    au moins on est d’accord sur le manque total d’intérêt du yo la tengo :-)

  3. 3 Vaness on novembre 20, 2009 13:26

    C’est marrant la dernière phrase du commentaire de xavier (oui je commente les commentaires au lieu de l’article, si j’veux), l’autre jour je me faisais cette réflexion en voyant Biolay à la télé, ce mec, je suis à peu près sûre qu’on l’encensera quand il sera mort et qu’on criera au génie injustement reconnu. (bon c’est pas pour autant que je vais l’écouter aujourd’hui cela dit)
    Si ça se trouve on ressortira même ce “la superbe” comme son masterpiece….

  4. 4 Amaelle on novembre 20, 2009 23:48

    Génie injustement reconnu, faut peut-être pas pousser. À part quelques pisse-froid ;) dont Mathieu fit longtemps partie, ça fait un bail que la critique salue l’ambition musicale, la qualité de la production, l’exceptionnel travail d’arrangements, etc. etc. ; et jusqu’aux progrès de ce garçon, d’ailleurs, ses premiers albums sentaient encore un peu le dictionnaire de rimes, ça s’est bien estompé avec le temps.
    Après, qu’il ne vende pas des caisses… Qui y arrive encore de nos jours en France à part Bénabar et Indochine ?
    À part ça, oui, quel grand album. Bon sang, la première fois que j’ai entendu “Brandt”, j’en suis restée estomaquée !

  5. 5 Ska on novembre 21, 2009 0:15

    Ca va finir par devenir suspect cet enthousiasme que l’on partage (presque) tous pour le Biolay… Impression qu’on en fait un peu trop soudain (il y a quand même quelques morceaux assez faibles, très variet’)… Et le phénomène va bien au-delà de nos blogs, ai-je remarqué. Comme si tous les gens - enfin ceux qui sont un peu auditeurs d’Inter, un peu lecteurs de Télérama ou des Inrocks - s’étaient mis à l’écouter, juste là, maintenant. Comme si c’était l’album qu’il fallait absolument écouter cet automne si tu étais dans un certain milieu (en gros, dans la culture…). Il est clair que le plan com’ fut remarquablement orchestré. Maintenant, on peut aussi se calmer un peu. Ce n’est pas Fantaisie militaire. Ce n’est pas Remué. Et pour le coup, oui, ça part un peu trop dans tous les sens (un choix, certes) pour se laisser appréhender comme un réel chef-d’oeuvre. Mais un bel exercice de style, ce n’est déjà pas si mal…

    Quant au Yo la Tengo… putain, Yo la Tengo quand même ! Tu exagères de les tailler ainsi en quelques lignes. Même si ce n’est pas leur meilleur album, c’est sûr, je continue d’apprécier ce qu’ils font… Bien sûr, le savoir-faire ne protège pas de l’ennui, mais quand même ce disque ce n’est pas rien…

  6. 6 arbobo on novembre 21, 2009 0:55

    “mais quand même ce disque ce n’est pas rien…”

    ah ça c’est sûr.
    c’est long, c’est long ^^

  7. 7 Xavier on novembre 21, 2009 18:55

    Manque total d’intéret, je n’ai pas dit ca! par contre, ton dernier commentaire, ;) !!
    il y a quand meme le dernier morceau, mais il faut arriver jusque là…

  8. 8 arbobo on novembre 21, 2009 19:39

    uh uh ^^

    ska,
    pour le Biolay, je crois qu’il y a un peu de ça quand tu parles du disques qu’il “faut” écouter,
    pour moi 2009 est une année sans “grand disque”, n’en déplaise aux fans d’animal collective, et soit dit sans offense pour mes préférés de l’année qui sont de beaux disques (mais aucun qui serait dans un top de la décennie)
    du coup ça laisse de la place pour être bluffé par ce que je n qualifierais pas d’exercice de style, plus plutôt de “tour de force”.

    le tour de force consistant notamment à convaincre d’anciens détracteurs. J’ai reçu ce disque, il ne me serait jamais venu à l’idée de le réclamer, et il m’a eu par surprise :-)

  9. 9 Christophe on novembre 27, 2009 10:27

    mais le problème c’est que je crois que je n’avais entendu de Biolay avant ! Et par quelques secondes sur Inter, j’ai été scotché par le titre La superbe, puis j’ai commencé à cherché (l’album n’était pas encore sorti) et puis j’écoute cet album en boucle depuis des semaines parce qu’il est extraordinairement tragique et beau, même les facilités variétés que Ska semble pointer sont des bijoux pour moi. je peux concevoir que beaucoup n’aimeront pas, mais je comprends encore plus comment cet album n’est pas seulement un buzz mais une tuerie d’exception. j’en profite pour découvrir le reste depuis quelques jours, et même si c’est bon, ce n’est pas à ce niveau là.

    Donc non, je ne suis pas d’accord, ce n’est pas parce que subitement il y a un déchaînement autour de Biolay que ce serait le fruit d’un simple buzz : l’album est réellement différent en terme de qualité de ce qu’il faisait, et surtout de ce que les autres font.

    Vivement qu’Ama-L répare le lien vers les billets le concernant sur son site ^^.

  10. 10 Christophe on novembre 27, 2009 10:33

    Ca vous le fait pas ça : vers 4′ de 15 septembre, le dernier morceau, quand Biolay reprend le thème de La superbe, le premier morceau, c’est terrifiant, chialant, et comme un sandwich mac do, on a envie de reconnecer et de tout manger l’album.

    je me comprends.

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