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Bethesda : Silvain Vanot en son pays

par arbobo | imprimer | 26sept 2009

Bethesda, c’est le lieu du relèvement miraculeux. Là où Jésus fit remarcher le paralytique, encourageant quantité d’hôpitaux religieux à adopter ce nom, comme dans les séries tournées à New York.

Silvain Vanot n’a pas enregistré ce disque en Amérique (ça, c’était en  1997 pour Egérie), pourtant elle est partout, tout le temps. Sauf peut-être sur Rivière, entièrement au piano et moins folkeuse.
Le casting est britannique, une session au Pays de Galles près de sa ville natale (nommée Bethesda!), le batteur de Shack, mais la pedal steel est bien là (cette guitare sur pied qui permet des sons très Hawaii, comme l’indique un titre de l’album). Si Neil Young était né dans la partie francophone du Canada, il aurait sans doute eu pour petit frère ou cousin Silvain Vanot.


Les cloches de l’amour

On arrive dans ce disque, en bon citadin habitué aux bruits de la métropole, comme dans un hameau reculé. Le paysage est pierreux, les huisseries vous cinglent de vent dès qu’on s’en approche… la côte est un peu raide, les arbres peu nombreux…
Le premier contact est aride (la guitare rêche du Mouton à trois têtes). Mais au deuxième jour on prend ses repères, on s’imprègne, et le jour suivant on apprécie la finesse de la lande, la douceur inattendue de la roche, adossé contre le mur gorgé de soleil (Un pied derrière).

Après quelques écoutes on cherche quel morceau on avait trouvé sec au début, lequel nous avait paru d’une tristesse indicible. Ce disque n’est pas d’ici. Ni de la Bethesda biblique ni de celle des campagnes anglaises. Un peu de tout cela. Un disque qui n’est pas d’ici, mais qu’on fait sien un peu plus chaque fois.

L’autre surprise, c’est Vanot. Les mêmes références viennent, spontanément, Neil Young, Manset, depuis ses débuts. A cause de la voix, du chant. Une touche de Christophe, des reflets de Bashung, complètent cette voix peu ordinaire. Les mêmes comparaison depuis plus de 15 ans et une demi-douzaine d’albums.

Une telle constance tient de la gageure. D’abord parce que l’époque est aux mélanges, et même si une rumba vient nous la faire exotique, et si l’ensemble est moins rock et moins punk que les premiers albums, plus blues, on est toujours sur les mêmes terres des débuts. Mais surtout, d’emblée Vanot n’a pu échapper à son passé de chroniqueur rock (on lui doit par exemple un livre sur Dylan).

Un tel érudit, qui connait son histoire du rock sur le bout des doigts, aurait pu être tenté de s’approprier les styles qu’il connait si bien. Pas lui.
L’exigence de Vanot est criante, à travers son écriture, le choix de ses musiciens, ses arrangements sobres et savants. Mais sa démarche traduit une vraie humilité. Cette ambivalence traverse les paroles de ses chansons, parvenir à faire sonner un refrain comme “les cloches de l’amour” sans être risible demande une qualité d’écriture hors du commun. Et c’est peu dire que c’est une belle chanson.

Entre éclaircies et noirceur, les chansons ont toutes le coeur alourdi par les paroles. L’amour difficile ou cynique (”j’aimerais coucher avec toi, pour me venger de ton père”), même les filles d’Hawaii sont tristes,  malgré l’air de rumba. La musique est pleine de forces, mais dans le fond cet album a renoncé à l’espoir, et le fait sans le moindre pathos, en donnant le change. Les fleurs, beau final en forme d’ouverture, fournit une clef : à l’espoir, Vanot aurait finit par préférer la paix.  Aucune trace de renoncement, finalement.

Bethesda est un disque remarquable, un des tout meilleurs de l’année. Un disque qui prendra des années sans prendre de rides.



Comments

16 Commentaires


  1. 1 yosemite. on septembre 26, 2009 22:40

    “Mais au deuxième jour on prend ses repaires”
    tu prends des repaires ou des repères ?

    Il y a une énigme Vanot selon moi. Sa musique est toujours aussi inhabituelle, propre à lui et en même temps, je n’y arrive jamais.
    Depuis 15 ans comme tu dis.
    Peut-être aurait-il dû essayer la carrière(la voie) anglo-saxonne, car je ne trouve pas ses textes toujours très reluisants; mais on sent tout de même cet effort de soigner son écriture, c’est peut-être d’ailleurs ça qui pêche : ce désir de lécher sa musique et ses textes qui suinte de chaque note ou syllabe.
    On l’aime bien, Sylvain, pour son effort de guerre, mais il frôle parfois un ridicule puéril dont il n’a jamais su se départir.
    Dommage donc.
    Il n’arrive toujours pas à ouvrir son univers à mes oreilles et reste seul sur ses terres, sans repère, caché dans son repaire, loin de ses pairs…
    :-)

  2. 2 arbobo on septembre 26, 2009 23:25

    uh uh je corrige ma coquille ^^

    je le trouve du bon côté de la limite dans ses textes,
    quant-au choix de la langue, il s’en explique très bien, notamment dans une belle interview dans les Inrocks (été 93 !)

  3. 3 yosemite. on septembre 27, 2009 11:35

    non mais il a le droit de chanter en français, c’est pas ça le problème…
    c’est plutôt une esthétique que je n’attends pas et qui ne me touche pas !

  4. 4 arbobo on septembre 27, 2009 12:15

    ça va un peu avec, parce que son choix du français découle d’avoir choisi une écriture qui n’a aucun rapport avec l’écriture rock habituelle, c’est beaucoup plus littéraire

    mais ça clive aussi ^^

  5. 5 Guic' the old on septembre 28, 2009 11:13

    Rha la vache… le fake summer album contest bat son plein à ce que je vois…

  6. 6 Ska on septembre 28, 2009 11:20

    C’est vrai que la pochette…
    Mais la chronique, elle, est belle…

  7. 7 arbobo on septembre 28, 2009 20:52

    ah vous êtes vache ^^
    l’album est pas très marketting en tout cas,
    quel que soit l’angle sous lequel on le prend

    merci ska, le compliment me va droit au coeur :-)

  8. 8 Anna on septembre 29, 2009 11:10

    Je me demande si c’est grave que Bethesda m’évoque en premier l’éditeur des excellents jeux vidéos Elder Scrolls… ;-)

  9. 9 arbobo on septembre 29, 2009 11:17

    ben si c’est le 1er truc auquel tu penses, c’est pas forcément rassurant ^^

  10. 10 Guic' the old on septembre 29, 2009 14:37

    N’empeche ça fait plaisir de voir qu’il va bien. Jean Ferrat.

  11. 11 dr frankNfurter on septembre 30, 2009 11:22

    c’est vrai que la pochette fait roots :P
    Et je me rends compte que ça fait presque 15 ans que j’avais pas écouté du Vanot en fait! C’est aussi pour ça en voyant sa tête j’ai été surpris, roh le coup de vieux XD

    L’extrait sonore est sympa, je ne suis pas un gros fan de sa voix mais comparativement à ce que j’ai pu entendre y’a 15 ans, même aux niveaux des textes, c’est largement mieux.

  12. 12 Benjamin F on septembre 30, 2009 23:07

    Je viens tout juste de le recevoir et cette belle chronique me fait saliver. Je l’écoute et je reviens ;)

  13. 13 arbobo on octobre 1, 2009 0:08

    j’espère que tu feras un convaincu de plus benjamin :-)

  14. 14 Ludovic Bu on octobre 1, 2009 0:32

    Gni… n’arrivant pas à inclure le lien, je le copie / colle, rognotdju :

    Je me suis permis une petite chronique du même album, qui me fait des effets similaires à ceux ressentis par Arbobo, mais que j’exprime différemment (heureusement !) :

    http://ludovicbu.typepad.com/ludovicbu/2009/09/sylvain-vanot-sept-annees-de-silence-et-un-retour-heureux.html

  15. 15 arbobo on octobre 1, 2009 1:28

    oui, je crois que ce disque fait beaucoup d’heureux, mine de rien :-)

  16. 16 Alex on octobre 6, 2009 14:47

    C’est vrai que la première écoute déconcerte. Mais petit à petit, on se laisse prendre par cet album. Personnellement j’ai un gros faible pour Hawaï. Mais impossible d’expliquer pourquoi… :)

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