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Topic: des disques...
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Al Green s’étend en beauté

par arbobo | imprimer | 30mai 2008

Al Green est inusable. Alors que ses contemporains soul et rythm’n'blues ont du mal à ne pas trahir leur âge sur leurs disques les plus récents, le vieux beau transforme les siens en gigantesques lupanar. Pour un révérend, un vrai avec une église et tout le tintouin, ça n’est pas si courant.

prière de lire cet article comme le complément nécessaire de celui-ci, et inversement :-)


D’abord,
Al Green n’est pas un militant, en dehors du message d’amour. Et pour une raison que j’ignore, il n’est pas non plus devenu nostalgique en prenant des cheveux blancs. C’est déjà une explication de la qualité de son dernier disque, Lay it down. La présence de jeunes pousses comme John Legend à ses côtés assure un passage de relais en douceur.
Mais il y en a d’autres. Le son est intact, Al Green n’a jamais poussé sa voix, c’est même à ses miaulement sussurés qu’on le reconnait entre mille. C’est probablement le secret, cette voix, ce chant jamais forcé. Une telle voix vieillit moins, et expose moins au ridicule qu’un James Brown bedonnant s’efforçant de reproduire les déhanchés diaboliques de sa jeunesse.

Mieux que ça. Al Green a une recette. Je ne sais pas laquelle, mais alors que ses musiciens ronronnaient parfois un peu sur the greatest de Cat Power, les arrangements de Lay it down sont fins, purs, parfaitement justes. A croire que c’est lui, l’âme de Memphis. Pourtant c’est un membre des Roots (?uestlove) qui a produit le disque, or ce groupe de Philadelphie est plus assimilé au rap et la nu-soul. Tout le contraire des Dap Kings, merveilleuse section de cuivres rétro du label de Brooklyn Daptone, qu’on a pu entendre notamment derrière Sharon Jones. L’histoire de la soul (et du funk) est quelque chose de très particulier, et de très riche. Au-delà du son mondialisé de la Motown de Detroit (mondialisé ne veut pas dire mauvais, en l’occurrence), chaque ville, chaque label, a apporté sa touche, son ambiance, son type de chant…
Philadelphie a eu de belles heures, des Delfonics à MFSB et les O’Jays, des orchestrations et un son hyper léchés, toujours des voix magnifiques, et une évolution du label de plus en plus disco. Le son de Chicago était plus sombre, le propos aussi plus engagé. Le “sud”, au sens américain du terme, ce sud qui commence en Virginie et qui n’est “sud” qu’à l’est et jusqu’aux Appalaches, on y fait aussi de la soul, jusqu’à New Orleans et Miami comprises. A mi-chemin, Memphis, Tennessee. Capitale du rock’n'roll, ville de Johnny Cash et d’Elvis Presley.
Ville du label Hi! records, qui publia des disques inestimables d’Ann Peebles… et d’Al Green. Le son était rèche, pas très propre mais d’une chaleur confondante, parfaite pour le vinyl haute-fidélité. Sur Lay it down, Al Green noue entre elles ces différentes cultures, ces traditions éloignées par le temps et l’espace.


Al Green, qui composa quelques titres parmi les plus langoureux et les plus tendres du début des années 70, est une institution. Passé un certain temps, on attend surtout de ces légendes de notre enfance qu’elles ne changent plus. Parce que la part du souvenir est pour beaucoup dans l’attachement qui nous lie à elles, et l’on ne peut s’en départir en écoutant leurs disques d’aujourd’hui.

Alors? Oh, on pourra toujours trouver que ce disque ressemble à un best of ou un medley de sa carrière. Rien de bien neuf, aucun tube capable de concurrencer Let’s stay together ou fa fa fa (sad song). Rien de tout ça. Seulement de très bons morceaux, jamais médiocres ni même fades. Rien qu’une voix capable en quelques notes de fermer à clef la chambre et faire descendre les fermetures éclair.

Les plus grincheux y verront un disque remarquable pour la sieste. Les autres préféreront lui réserver leurs siestes… crapuleuses.



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