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Topic: interviews
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Chairlift : l’interview en VF

par arbobo | imprimer | 4mai 2009

Ce duo devenu trio, vénéneusement talentueux, ce charme irrésistible de Caroline Polachek sur scène (et en interview), sont bien à la hauteur de ce qu’on a entendu de Chairlift sur disque.

L’interview audio en VO est là, podcastable.
Pour la traduction, c’est ci-dessous.

Bonjour Chairlift, avant toute chose, est-ce qu’il existe un moyen de se procurer votre premier album autoproduit?

Caroline : Non!
Aaron : Je ne penses pas non plus.
Caroline: Nous n’en avons même pas nous-même. Mais l’histoire de ce disques est marrante. C’est un “EP” de 5 titres, que nous gravions nous-mêmes avant chaque concert, sur notre ordinateur. On faisait tout entièrement à la main, le sticker, vraiment tout, je te jure.
Aaron: Il a du y en avoir 300 exemplaires, environ.
Caroline : Je pense qu’il y en a plus que que ça, en réalité. Je dirais entre 800 et 1000. On les faisait vraiment à la main, un par un, on photocopiait les pochettes à l’université… Mais ce qui se passait, c’est que chaque fois que nous enregistrions une nouvelle chanson qui nous plaisait, on enlevait un titre et on rajoutait le nouveau. Ce disque, on l’appelait Daylight savings, mais il y en a eu plein de versions différentes.
Aaron : avec des pochettes différentes.
ensemble : des pochettes différentes, des titres différents… mais toujours le même titre de EP.
Caroline : (hilare) toujours le même titre, mais des tas de versions différentes. Et même parfois, des versions différentes du même titre.

Le collector parfait
Caroline: exactement !

Le public français vous a découvert à travers la pub ipod, mais est-ce qu’il n’y a pas une sorte de malentendu. Ce titre, Bruises, un titre très dansant et hédoniste, donne une image de vous un peu biaisée, non? L’album ouvre d’ailleurs sur Garbage avec un message très sombre, militant, une ambiance très différente. Est-ce que cette pub ne donne pas de vous une image un peu trop décalée?

Caroline : Pas du tout. Si les gens écoutent l’album, ils y retrouveront une dimension commerciale. Comme tu l’as dit, le premier titre, Garbage, parle des déchets, ça parle de tous ces déchets qui proviennent de nos biens de consommation, tous ces détritus qui finissent en tas gigantesques dans les décharges. Bruises, en revanche, est une chanson qui tranche sur le reste du disque, elle sort du lot, c’est un peu l’intrus de notre album. L’album est plutôt sombre, il joue plus sur des ambiances, alors que ce morceau est comme tiré d’un jukebox. C’est comme une touche ironique sur une mixtape. Finalement ce titre a parfaitement rempli son rôle en terminant dans une pub pour Ipod. Si les gens comprennent le reste de l’album, ce titre ne fait que renforcer la complexité du disque. Malheureusement je crains que beaucoup de gens n’abordent l’album avec l’attente de plus de titres comme bruises,  sans vraiment saisir l’ironie que ce titre apporte à l’ensemble. Du coup ils sont déçus, ils découvrent que nous ne sommes pas vraiment le groupe pop qu’ils pensaient, un groupe de chansons sucrées gentillettes. Mais justement, dans l’album, ce titre est là pour apporter un contraste. Du coup, cette pub pour l’Ipod, ça résume très bien tout ça, c’est exactement le monde dans lequel nous vivons.

Est-ce intentionnel que vous sonniez aussi 80s? Ca représente quoi pour vous?

Caroline : Je suis née en 1985, et Aaron en 83, alors les années 80 ne sont pas quelque chose que nous avons vraiment vécu.
Aaron : en réalité on les a vécues, pour de bon au sens propre…
Caroline : …pas pour la musique
Aaron : mais vécues pour de vrai…
Caroline : … pour la musique c’étaient des années perdues pour nous. Nous en avons reçu des échos lorsque nous avons découvert la musique pop. La pop des années 80 pour nous, c’est quand tu grandis et que tu découvres ce que signifie “être cool”. Quand pour la première fois tu te dis “wah, de la pop music !”, “des couleurs jazzy !”, “magenta !”, tu vois le genre.
Aaron : En fait c’est maintenant que je me plonges dans cette musique là.
Caroline : oui, c’est ça qui est marrant
Aaron : comme F.R. David, d’ailleurs il est de Paris, il a fait un gros tube, il a vendu un million d’exemplaires de Words, en 1982.
Caroline : jamais entendu parler
Aaron : c’est très cheesy, vraiment hyper sucré, en ce moment j’adore écouter ça.
Caroline : en fait ce n’est pas tant que nous aimons ça, c’est plus compliqué que ça. Quand nous étions gosses c’est avec ça que nous avons découvert la musique. C’est ce que nous avons absorbé, ce que nous écoutions pour faire plus âgé, plus cool. C’est intéressant ce que tu disais sur les années 80 qui sont le degré zéro de la conscience écologique, parce que c’est aussi ça que nous aimons là-dedans. Ca représente les années plastique, l’artifice, le synthétique, et c’est cette musique là avec laquelle nous avons grandi, à laquelle nous sommes devenus accro. C’est l’écho de nôtre passé proche. Nous sommes à la croisée de ces deux idées, oui nous sommes un peu hippie, on a grandi avec une conscience écolo, les voitures électriques sont en train d’arriver, notre génération fûme joint sur joint, j’ai été végétarienne à une époque… Toute cette famille d’idées, se mélange avec une esthétique plus synthétique. En quelque sorte, l’esthétique pop et la vision de l’amour libre se mariant ensemble.

Sur l’album, le son est très doux, très filtré, comme si vous aviez gommé…

Caroline : … ce qui dépassait. C’est plus dû à l’action de notre producteur, Britt Myers, qui est vraiment formidable. Il a une approche très puriste de la musique. Une fois on a mis un disque de Ariel pink, on lui jouait ça comme une référence, genre “j’adore Ariel pink, je veux que les synthés sonnent comme ça, j’adore ce son!”, et lui il fronce le nez, “c’est dégoûtant!”, le son est tellement plein de distorsion, tellement compressé. Je pense que si nous avons ce son clair sur l’album, c’est aussi parce que c’est notre premier disque, du fait que nous n’avons pas encore une vision aboutie de la production. Nous avons pratiqué ces morceaux en répétition et sur scène,  nous savions seulement comment les jouer.
Aaron : C’est aussi que nous n’étions pas capables d’être nos meilleurs producteurs, nous avions besoin d’aide pour capter notre son.

Dans quelle mesure vous êtes vous reposés sur l’ingénieur et le producteur?
Caroline : l’essentiel des décisions artistiques vient de  nous. Il a vraiment voulu capter le son tel qu’il sortait, du coup les effets, les ambiances, viennent vraiment de nous.
Aaron : on l’aurait enregistré sensiblement de la même manière. Tantôt en gardant, tantôt en transformant.
Caroline : Je dirais que c’est 50-50, parce que si nous avions enregistré l’album nous-mêmes entièrement, il aurait sonné franchement plus “sale”. Alors qu’entre ses mains, c’est devenu un disque assez facile à écouter, assez propre. Et c’est bien, mais je crois que notre prochain disque sonnera étonnamment différent.

C’est ce qu’on entend sur scène, ce son plus “sale”. Plus large aussi.
Caroline : tu as dit “whiter” (plus blanc) ou “wider” (plus large)?
Aaron : plus large, on parle d’espace, clairement.
Caroline : on travaille notre “largeur” en France, on mange tellement de fromage (rires)

L’expansion de Chairlift en France !
Caroline : oh oui, la France étend notre conscience et… notre tour de taille.

Le titre Bruises tranche sur l’album comme on a dit. Mais l’album évolue progressivement, il devient de plus en plus ambigu. D’abord il y a ce break de guitare dans Territory, puis Don’t give a damn qui sonne très americana.
Caroline : c’est un peu comme si tu mettais un briquet sous ta collection de disques, tu mets le feu et ils fondent, leurs gouttes se mélangent sur les craquelures du parquet.

Merci pour cette image.
Caroline : je t’en prie (rires). Du moment que ce n’est pas la collection de tes colocs… (rire)

En concert tu as chanté un morceau inédit en français.

Caroline : moitié en français et moitié en anglais, en fait.

Mais ce qui surprend le plus, ce n’est pas que tu chantes en français (tu es bilingue), mais c’est que tu le chantes de manière différente. C’est du talk over, du chanter-parler.
Caroline : Mmmm… C’est vrai. J’adore ce genre de chant. Je ne sais pas si tu connais ce titre, ça fait “I want money… that’s what I want… that’s what I want” [des Flying lizards, ndli]. Je suis à fond dans ce genre de truc en ce moment, c’est peut-être juste une phase. Il y a un autre titre que j’adore, de T’pau, intitulé Heart and soul, qui est tout entière en talk over, avec une voix de femme très grave. C’est vraiment ce que j’aime en ce moment. C’est le premier titre que nous réalisons de cette manière, mais en fait nous en avons plusieurs. On a fait un titre qui s’appelle Prospect your sex, qui va encore plus loin dans le genre, mais il est inédit, pour l’instant c’est sur notre ordinateur.
Quoi d’autre… on a aussi un titre intitulé Bloomingdale’s 1982, qui se ballade peut-être quelque part sur internet… On a mis la voix de David Lycnh, qu’on a chopé sur youtube. Finalement pas mal de nos chansons utilisent le talk over, comme Evident utensil, c’est une couleur de notre palette, que nous aimons utiliser.

Merci Caroline, merci Aaron !



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