Modèle d’exposition (la Radical Jewish Culture au MAHJ)

par christophe | imprimer | 29avr 2010

La Radical Jewish Culture s’expose à Paris au MAHJ de façon exemplaire. Casse-gueule au possible, muséifier une mouvance encore jeune et protéiforme risquait l’exercice hagiographique ou pire, le surf facile sur le revival klezmer. Opération évitée avec un parti pris qui pourrait inspirer davantage d’expos musicales.

Visite guidée ici complétée par la réaction d’Anthony Coleman pour un entretien exclusif pour Arbobo.fr.

Sur des œufs

Deux semaines ne nous ont pas été de trop pour digérer cette première quinzaine au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris. Depuis le 9 avril et pour encore un peu plus de 2 mois y est proposée la première approche globale sous forme d’exposition de ce mouvement même pas vieux d’une vingtaine d’années et déjà au musée. La Radical Jewish Culture est y abordée sous l’angle de « Scène musicale – New York », sous-titre de l’expo, ce qui ne lasse d’interroger…

Comment rendre compte d’une scène musicale dans le cadre d’un musée ?

Quelques trop rares concerts sont organisés en marge (dont certains malheureusement victimes d’une volcanologie capricieuse) : les expériences musicales doivent passer par les projections et l’ambiance sonore. Mais au moins, les visiteurs sont fournis plus qu’ils n’en pourront avaler, sauf s’ils consacrent au moins 2 heures pour tout écouter (sans parler des interviews et des films, rajoutez encore une fois ça) !

Le premier festival Radical Jewish Music dans le cadre du Munich Art Project en 1992, une section de l'exposition Radical Jewish Culture au MAHJ, Paris, 2010

Davantage que par leur diversité, on est surtout estomaqués par la qualité de certains sons musicaux, essentiellement des films de concerts live mondialement inédits ou qui ne furent que très rarement diffusés. Ces vidéos, tantôt brutes (répétitions, captations), tantôt extraites de films ou de documentaires, présentent des configurations où la plupart des artistes majeurs et secondaires de la scène sont présentés dans leur meilleur environnement : live.

Les bornes (une petite vingtaine, audio et vidéo, avec plusieurs prises casque pour des écoutes collectives), les deux sélections musicales d’ambiance aux parcours très riches et emballants ainsi que les deux cabines insonorisées permettent aux mélomanes et aux curieux de découvrir dans de bonnes conditions, et les fans sont également gâtés par le caractère inédit de nombreuses prises. On regrettera toutefois que le son des deux sélections d’ambiance écrase parfois l’audition des casques, voire de l’une des cabines (Kristallnacht). Une sélection discographique en librairie, très large et un peu moins chère qu’en fnuck, mérite de garder quelques euros pour les claquer agréablement (dommage que la sélection ne soit pas accompagnée d’un petit livret pour conseiller).

Au finale, au gré des projections, disques, photos et affiches, des visuels, de l’audio et de la vidéo, l’aréopage des artistes est très large et la scène RJC est équitablement représentée, sans survalorisation de John Zorn, l’un des concepteurs et architecte central de la scène. Le risque d’hagiographie est évité, même si c’était risqué (écoutez à ce titre Anthony Coleman).

On aurait pu également s’interroger sur la capacité à rendre la réalité très new-yorkaise de cette mouvance (musicale, mais pas que). Là, le pari a dépassé la simple pétition d’intention du sous-titre. Les sections de l’exposition sont ancrées dans ce creuset métropolitain (Brooklyn, le “retour” dans le Lower East Side…). Les entretiens avec les musiciens viennent et reviennent sur la spécificité métropolitaine de cette mouvance, la dissociant à ce titre du revival puis de l’explosion mondiale du klezmer : les deux sont liés mais sont distincts, et NY joue ici un rôle bien présenté durant l’expo, soulignant que la RJC est avant tout issue de cette ville et de son histoire culturelle.

Radical Jewish Culture ≠ klezmer 2.0

Le plus délicat fut d’aborder de l’extérieur une mouvance dont les promoteurs sont d’ardents pignoleurs. Leur radicalisme tout comme leur exigence presque obsessionnelle sur tout effort de définition par d’autres qu’eux-mêmes ont obligé les commissaires de l’exposition (Gabriel Siancas, Mathias Dreyfuss et Raphaël Sigal) à proposer une approche qui ne sacrifie pas à la facilité. Il ne fallait notamment pas se focaliser sur l’aspect “klezmer”.

En effet, la Radical Jewish Culture est une forme de face cachée du renouveau de la musique klezmer, en pleine vogue actuelle. Reste que les gammes klezmer ne sauraient cacher le radicalisme de ces artistes en quête de ce qui était avant-gardiste dans la culture qu’ils redécouvraient. À l’instar du tango, du flamenco et d’autres musiques liées à des cultures locales ou populaires, les gammes klezmer sont désormais mises à toutes les sauces (électro, jazz lounge, funk, folklorisme…) par une scène mondiale moins exigeante, moins en lutte. Comme le précise ColemanIls sont mes semblables mais je ne les ressens pas. Ils ont pris trop de choses comme partis pris. Ils sont trop à l’aise avec le mumbo jumbo de ce truc, de ce soit-disant spiritualisme, et de tout ce fatras que je ressens comme mythologisé. Je ne sens pas de lutte. Il y a une grande difficulté de parler franc, de parler clairement [clear speaking]“.

D’autres écueils furent également évités. On échappe notamment à la folklorisation du judaïsme par la mise en avant de ce qui est spécifique à l’approche commune de ces musiciens, particulièrement dans leur réappropriation de certains aspects de leurs cultures ancestrales (magnifiques salles Traces et Invocations, et la précieuse vitrine sur la réappropriation des seders de Pessah au début des années 1990). Autre point intéressant, l’absence d’une vision simplifiée, d’une théorie du tout de la Radical Jewish Culture qui la représenterait comme quelque chose de simple et homogène. Sont favorisées par une interconnexion permanente les multitudes de racines de chaque artiste et de la scène dans son ensemble…

On ne saurait donc taxer l’expo du MAHJ d’opportunisme, bien au contraire : sans sacrifier à de vaines querelles entre les purs (ici la Radical Jewish Culture) et les marchands du Temple (là les stars et les suiveurs du renouveau klezmer), l’exposition remet les points sur les i en offrant un voyage très riche et envoûtant dans un univers particulier, né des luttes des années 1960-1970. Le monde des musiciens de la Radical Jewish Culture est fait d’exigence et de plaisir de pratiquer une musique au delà des barrières, à la redécouverte d’une culture cachée pour une communauté de musiciens d’avant-garde à New York. L’exposition réussit son coup, ce qui frustrera peut-être les fans de klezmer classique ou de klezmer “pop” qui ne sauraient s’ouvrir à d’autres approches.

Enfin, pour quiconque aurait suivi depuis quelques années cette scène musicale, la grande surprise de l’expo est fournie par son caractère inédit à plus d’un titre, ce qui ravira également ceux qui découvrent cette mouvance :

  • Un découpage peu classique et véritablement conceptuel (nous y revenons après), qui fait de l’expo un parcours à la limite de la création, même si les commissaires auraient sûrement rêvé de casser encore davantage le format, d’y inclure de la programmation musicale live dans l’enceinte, autant d’angles différents et vivants qu’une Fondation Cartier aurait pu apporter. sauf que c’est le MAHJ qui a cru dans le projet, et qui a déjà apporté une base intéressante.
  • Des entretiens vidéos inédits avec les artistes majeurs de cette scène, dont Anthony Coleman, Marc Ribot, Eliott Sharp, Frank London et David Krakauer (plus un entretien inédit en Europe de Zorn). Ils racontent, expliquent, démontrent, chacun avec ses propres intérêts et objectifs dans la RJC. L’ensemble est passionnant et souligne de façon magistrale que Zorn est loin d’être le Deus ex machina, mais qu’il est plutôt un catalyseur pour des artistes radicaux à contribuer ensemble à la redécouverte de leur culture juive.

  • Enfin, la plupart des artistes ont accompagné les commissaires durant le montage de cette expo, en leur prodiguant des conseils qui furent pertinents pour enrichir leurs approches, et surtout en ouvrant sans limites leurs archives ordinaires les plus intimes : objets, livres et enregistrements, et surtout des vieux papiers inestimables pour comprendre les processus de réflexion et de théorisation (dont les manuscrits de Zorn et Ribot datant de la création de la RCJ : listes d’artistes, essais de logos et de titres….).

On voit bien que les organisateurs s’y connaissent, qu’ils ont regardé plus loin que le bout de leur nez sans pour autant sacrifier à un ésotérisme de spécialistes. La confiance des musiciens de la RCJ dans leur approche aura ainsi permis d’abonder richement en matériaux cette exposition. Nous débattrons dans quelques semaines avec plusieurs visiteurs d’horizons différents et nous tâcherons d’en rendre compte et d’ouvrir le débat sur arbobo.fr.

Les partis pris ambitieux du découpage

L’exposition est découpée en 8 sections, difficilement qualifiables de salles étant donné la relative exiguïté du parcours qui sinue habilement entre des petits espaces très bien présentés mais plus ou moins bien insonorisés. Dès l’extérieur de l’exposition, un marquage graphique sobre et pertinent, souligné par les traditionnels cartels explicatifs (souvent bilingues), cadre l’approche de chacune des 8 sections. À l’instar d’un tableau impressionniste qui se révèle diversement dans son ensemble, les thématiques choisies pour ces espaces guident le visiteur vers des aspects qui construisent ce qui pourrait être une perception de la Radical Jewish Culture. C’est la perception des organisateurs, et elle est par elle-même un apport singulier.

Certaines salles sont axées sur ces environnements qui ont nourri la RJC

  • Musical : Klezmer, NY en début, sur le renouveau de cette musique juive par l’avant-garde musicale new-yorkaise des années 1970 à 1990, et puis le free jazz, le jazz, le punk, le hard core et la musique contemporaine qui baignent en permanence l’expo.
  • Géographique : Traces sur la métropole américaine où l’on lit sur les murs et dans les comportements culturels les strates accumulées, masquées et surmasquées de la judaïté multiséculaire de cette ville, et des passages par la Knitting Factory, le Lower East Side, Brooklyn… et l’Europe de l’Est comme background récurrent d’un passé remanié par la vie new-yorkaise des immigrants juifs et leur appropriation de la culture américaine avant toute chose.

  • Social : Radical Jews explore à grandes enjambées ces Juifs qui depuis 50 ans ont brisé les carcans de la pensée conventionnelle, de Lenny Bruce à G-d is my copilot en passant par les Ramones, John Lurie et ses Young Lizards, la scène no wave… Lenny Bruce, souvent cité lors des interviews (notamment Krakauer qui rêve d’une analyse croisée de Bruce et du talmudisme !) et le texte ci-contre, bijou de l’humour juif new-yorkais, célébré par de nombreux musiciens comme le radicalisme qui les a nourri.

D’autres sections proposent des éléments factuels fondateurs de la Radical Jewish Culture, avec des documents inédits (affiches, partitions, films jamais vus même par les musiciens d’alors !). Deux sections enchaînent très tôt dans l’exposition l’événement que fut en 1992 le Munich Art Projekt. Fut organisé dans la capitale historique du nazisme le premier festival de radical jewish music, où de très nombreux musiciens juifs new-yorkais se réunirent pour jouer leur musique, souvent très radicale (hard core, free jazz, musique concrète…), rarement fondée sur des gammes klezmer. La Radical Jewish Culture y fut révélée.

La section suivante approfondit violemment l’événement historique que fut la création Kristallnacht par John Zorn à Munich. On est accueilli par une reproduction en très grand format d’une statuaire nazie gironde et en majesté les bras en croix, juxtaposée à la photo du corps décharné de ce qu’on imagine sans hésitation une victime d’un camp de la mort, couchée tête en bas et les bras également ouverts. Le dérangement voulu par Zorn pour son œuvre (les deux photos sont tirées de l’édition cédé de Kristallnacht, la direction du musée a précisé en tout petit que ces photos peuvent choquer, tu parles !) se poursuit jusque dans le recoin d’une cabine par la projection du mythique concert de 1992.

Sont présentés de longs extraits où Zorn dirige de façon impressionnante, précise, sans être grave, la huitaine de musiciens jouant ce drame de l’humanité. Leur musique est exécutée avec des improvisations sur la base des partitions et de la direction à la fois libre et cadrée de Zorn. Le résultat est décalé, bruitiste, incluant à certains moments les thèmes et gammes des klezmorim, ces musiciens juifs de l’Europe centrale du premier XXe siècle. Des entretiens vidéos, notamment avec Krakauer, expliquent les attentes de Zorn pour chaque musicien, invités à jouer leur propre musique sur la base des partitions et indications authentiquement biffées et commentées par Zorn (partitions aimablement prêtées par les musiciens pour être présentées sous vitrine). On réécoute différemment ce disque difficile, désormais presque évident quand on en connait la construction originelle.

Masada, le joyau

L’avant-dernière section est consacrée au quartet Masada, l’un des projets maîtres de Zorn avec son label Tzadik et ses nombreuses collections, dont celle intitulée Radical Jewish Culture. On visite les magnifiques pochettes des albums de Masada et les originaux qui les influencèrent (un tableau de Wallace Berman, des objets intimes du rituel juif). On se prosterne ou l’on s’interroge (c’est selon, nous avons ri pour notre part) devant le sweet-shirt rouge que Zorn portait à Munich en 1992, vêtement dans son jus d’époque présenté sous vitrine. Serait-ce un nouveau suaire, première relique d’une Radical Jewish Culture qui flirte parfois (pas dans cette exposition, fort heureusement) avec le culte du saxophoniste – compositeur – producteur –éditeur –penseur –gourou ? La controverse de cette provocation ironique fait grincer des dents (écoutez Coleman, il est furieux !).

Cette pénultième section offre des extraits de films (la cabine au fond, un trip visuel et sonore délirant sur des images saccadées de Wallace Berman !), de concerts de Masada sous diverses configurations (quartet, duo guitares, sextet…) et une trop courte interview de Zorn en 2008, essentielle pour presque conclure ce parcours. Pas peu fier comme à l’accoutumée (ah le passage où il se vante de s’enivrer de composer plus de dix morceaux nouveaux et tous aussi géniaux en moins d’une heure !), Zorn apporte quelques compléments théoriques intéressants aux très riches et passionnants apports des autres interviews inédites qui guident cette expo (ces petits films feraient un si beau documentaire s’ils étaient montés ensemble).

Signes de reconnaissance

Enfin, la plupart des sections, et particulièrement deux (Invocations, magnifique, et Shibboleth) offrent une approche de la Radical Jewish Culture par ce qui unit tous ces musiciens. Et de comprendre, au fil des salles de l’exposition, que la Radical Jewish Culture est avant tout un ralliement d’artistes autour de leur réappropriation d’une culture qui leur était cachée bien que présente, là, sous leurs yeux, à New York et dans l’histoire de leurs familles.

Ces éléments de culture cachée se révèlent et montrent le lien entre le radicalisme du renouveau de ces artistes insurgés contre les carcans de la culture américaine d’après guerre, et le radicalisme de certains rituels juifs fondés sur le renouveau spirituel et la sortie de l’esclavage égyptien (le seder, le kaddish, des rituels hassidiques dont certains magnifiquement photographiés par Michael Maccioce, la calligraphie et le symbolisme kabbalistiques…). L’hérétisme comme continuité.

Brefle, résumer une telle exposition par ces raccourcis ne saurait rendre hommage au parti pris de cette entreprise. Une expo très faisable en 2 h, mais qui prendra toute sa richesse en y consacrant un peu plus de temps.  Retrouvons également Anthony Coleman pour sa réaction sur la Radical Jewish Culture aujourd’hui, sa mise en musée à Paris et ce qui en reste (si peu !) chez de nombreux musiciens des nouvelles générations.

Dans quelques semaines, nous débattrons sur arbobo.fr avec plusieurs visiteurs sur la pertinence de ce parcours muséographique. Autre rendez-vous à venir : Gabriel Siancas, l’un des commissaires, nous fera explorer la difficulté à mettre en musée cette mouvance, via quelques extraits d’une passionnante interview fleuve dont nous avons peine à ne pas sélectionner certains passages.

Pour notre part, nous nous retrouverons dans la cour d’honneur du musée le 16 mai après-midi pour deux concerts magnifiques autour des compositions de Zorn qui sera présent en trio pour un hommage à Wallace Berman, après que Mark Feldman et Sylvie Courvoisier nous aient interprêté leurs versions du Book of Angels.

On cause aussi en bien de l’expo (avec de la critique et des à-côtés) chez Not for tourists, Criss Cross jazz, La boîte à sorties ainsi que dans la grande presse nationale (vous saurez trouver).

Crédits photographiques et sonores : © 2010, Mario’s creative conno multimedia laboratories®, toute reproduction interdite, y compris l’URSS et la scène nu-klez.

Nous remercions le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme pour nous avoir permis de passer des heures au musée et de prendre quelques images à la volée. Et merci à l’Arboboss de nous laisser de la place plus que de coutume pour ce suivi au long cours d’une exposition qui nous est chère à plus d’un titre.




Comments

11 Commentaires


  1. 1 rififi on mai 1, 2010 14:12

    eh bien voilà un article qui sonne envie d’y aller à cette expo :-)
    seul obstacle pour moi : le temps qu’il faut lui consacrer apparemment, j’ai un peu de mal avec les « expos-fleuve »

  2. 2 Christophe on mai 1, 2010 18:06

    Ce n’est pas une expo fleuve, loin de là. c’est plus qu’elle recèle des tas de moyens de l’aborder, et que ceux qui veulent tout faire doivent prévoir du temps d’écoute. mais on peut la faire confortablement en 2h.

  3. 3 rififi on mai 2, 2010 2:30

    ben oui mais c’est frustrant de ne pas pouvoir tout écouter :o)

  4. 4 Dahu Clipperton on mai 2, 2010 11:24

    Ouaip, ton article donne sacrément envie d’y mettre les pieds et les oreilles !
    Surtout qu’à part quelques volumes de Masada que je découvre au compte-gouttes, je suis parfaitement ignorant au sujet de ce “mouvement”…
    Ton enthousiasme et ta passion font vraiment plaisir à lire ;-)

  5. 5 Mathias on mai 2, 2010 14:35

    Superbe article! Très belle analyse, riche et qui rend hommage à la complexité de ce “mouvement”, ou plutôt de leurs protagonistes qui ne lâchent rien sur leurs convictions et leurs choix esthétiques… J’attends l’interview de Gabriel Siancas avec impatience…

  6. 6 christophe on mai 2, 2010 20:18

    Merci Mathias (je cafte : c’est l’un des commissaires de l’expo).

    Effectivement : ces mecs de lâchent rien.

    Dahu : l’expo est faite pour toi !

  7. 7 arbobo on mai 2, 2010 20:39

    elle est faite pour tous, c’est ça qui est bien :-)

    pourtant le sujet est complexe

  8. 8 Gabriel on mai 10, 2010 13:21

    Merci beaucoup pour ces commentaires précis sur l’exposition. Avec Mathias et Raphaël, nous avons consacré de longs moments de discussions, de débats, de prise de gueule à la construction de cette exposition. Enfantée dans la douleur, j’ai l’impression que chacune de nos visions se retrouvent dans cette exposition, c’est la tension entre nos visions et l’approfondissement des confrontations de nos points de vue qui donnent cette exposition (n’oublions pas aussi la grande combativité de Mathias…).
    Quelques tensions sous jacentes à cette exposition :
    comment parler de l’émotion musicale dans une exposition ? C’est sans doute l’intensité de l’émotion musicale qui nous réunissait derrière ce “mouvement”, comment en rendre compte ? Faut il créer des dispositifs, installations pour créer de l’émotion ? Est ce que les matières des différents objets présentés nous permettent de parler de la matière musicale ?
    Comment rendre compte d’une radicalité sans la geler ? La radicalité n’est qu’une affaire de contexte, elle n’existe pas en soit dit Coleman, comment faire pour ne pas folkloriser ce qu’il revendique comme radicalité (et du coup prendre au sérieux ce qu’ils disent sur le klezmer) ? Et dans ce cas là, est ce que cette exposition parle à ceux qui se revendiquent de la radicalité juive contemporaine et française et comment ? Est ce qu’elles parlent à ceux qui ne sont pas juifs mais qui pensent aussi la radicalité comme présence au monde, comme créations de mondes, comme appropriation de notre mémoire ?
    Ou alors, Comment allier unité du parcours, explicitation pédagogique et mis en mouvement, création par associations d’idées sans simplifications, mettant à nue les associations souterraines ?
    Toutes ces questions ne sont pas résolues dans cette exposition mais elle se sont posées et sont portées tout au long de la construction du projet.
    Je veux rajouter des choses importantes pour la présentation de l’exposition. Les musiciens présentées dans l’exposition, la vision de la RJC, les musiques choisies est vraiment un parti pris des commissaires. Bien sûr il s’agit de musiciens fondateurs de la RJC mais d’autres ne sont pas mis en avant bien que centraux aussi : Marty Ehrlich, Gary Lucas, Jamie Saft… Il y aurait trés certainement d’autres manières de la voir, d’une manière plus économique, moins politique, moins romantique.
    Pour revenir dans un sens de la construction de l’exposition : il manque certainement les Thèses sur l’histoire de Benjamin, qui serait intéressantes de voir apparaître entre Pessah, Radical Jews et Invocations. Il manque aussi sûrement une archéologie du radicalisme juif new-yorkais même si l’on a quelques éléments. On aurait voulu plus de sons, des concerts dans l’expo…
    Enfin la voilà finalement, en espérant qu’elle suscite quelques émulations sur les liens entre l’intensité émotionnelle, le rituel et les politiques d’identité. En espérant qu’elle permette à chacun de se sentir fort dans son entre soi pour créer des rencontres, des failles dans le temps et des lignes de fuite. Gabriel

  9. 9 arbobo on mai 11, 2010 9:25

    merci Gabriel pour cet éclairage !
    et pour cette approche des tensions et des points de vue, un point de vue d’artiste en somme (je le pense sincèrement)

  10. 10 christophe on mai 14, 2010 8:23

    “Comment rendre compte d’une radicalité sans la geler ? La radicalité n’est qu’une affaire de contexte, elle n’existe pas en soit dit Coleman”

    Ah mais je ne crois pas qu’on soit obligé d’être radical pour rendre compte de la radicalité ! On peut le faire de façon très distanciée, pondérée, aseptisée même. Je pense que ce qui rend cette expo intéressante est que vous avez fait davantage que rendre compte objectivement de la radicalité et que vous avez cédé au côté artistique dans le cadre de cette tension.

    Certes, on comprend bien que les commissaires de l’expo auraient bien voulu aller plus loin, commettre des actes de radicalité pour exposer ce mouvement. D’autres moyens techniques et des budgets démultipliés auraient peut-être permis ceci.

    Mais là non, vous êtes restés de l’autre côté du miroir, contraints par l’institution (un musée, ce musée). Reste que, et c’est là qu’il y a un propos radicaliste selon moi : l’expo provoque une réaction du visiteur sur sa propre mémoire culturelle. Même si l’on n’est pas juif (c’est mon cas), même si l’on n’est pas musicien (c’est encore mon cas), même si l’on n’est pas new-yorkais (si je le suis, ce n’est qu’au sens de Lenny Bruce), on se sent interpellé par les trajectoires présentées ici. Trajectoires de musiciens, à partir d’éléments divers d’un contexte qui s’avère commun, et trajectoires de chacun de ces musiciens pour revisiter ces éléments d’une mémoire cachée qu’ils réincorporent.

    Et on imagine nos propres éléments de culture personnelle qui nous sont cachés et qu’on aurait peut-être intérêt à regarder pour comprendre nos actes (l’expo RJC comme proposition freudienne ?).

    Et on réécoute de nombreux artistes, formellement radicaux ou non, en se demandant ce qu’ils ont tiré de leur contexte mémoriel et de leur contexte contemporain pour ainsi créer. Sinatra aurait-il été celui qu’il fut s’il n’avait combattu pour sortir de sa merde sociale ? Beethoven aurait-il libéré le romantisme si l’époque n’avait été révolutionnaire ? les punks auraient-ils existé sans Pink Floyd ?

    Cette expo sur le radicalisme n’est certes pas radicale, cette expo ne couvre peut-être pas toute la scène RJC, mais elle révèle quelques trajectoires de façon si globale et sensorielle (”l’intensité émortionnelle” citée par Gabriel est visible chez les musiciens présentés et je crois que les spectateurs peuvent également la ressentir) qu’on a l’impression de comprendre pourquoi ces gens sont radicaux, et comment.

  11. 11 Myriam on juin 10, 2010 18:15

    Coucou Gabriel, j’avais l’intention de venir voir votre exposition. Y es tu tous les jours? Sinon quand y es tu? Bisous a bientôt..

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