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des kraut sur la moquette

par arbobo | imprimer | 8juin 2007

Parfois je prends le temps de ne pas écouter 10 nouveaux disques dans la semaine, mais d’ouvrir… tenez-vous bien… attention, c’est pas courant, vous allez être surpris….. un livre.
Voilà, je l’ai dit, vous pouvez rigoler 5 minutes et revenir quand vous serez calmés, c’est bon, soufflez un bon coup tout va bien se passer.

Un livre, donc, pas un livre d’image comme la dernière fois, mais un livre tout plein d’informations et autres choses savantes. En plus celui-ci est écrit par un français. La précision n’a rien de superflu, au vu des meilleurs collections françaises actuelles. Que ce soit les éditions Allia, qui éditent plein de Greil Marcus ou Nick Cohn, ou Julian Cope dont on a traduit en 2005 Krautrocksampler, les bons bouquins sur les musiques actuelles et le rock sont souvent des traductions.

Des noms comme Kraftwerk ou Tangerine Dream vous disent certainement quelque chose. Et ceux de Kluster ou Amon Duül, nettement moins. Grâce à Eric Deshayes, tout ça devient limpide, avec Au-delà du rock, la vague planante, électronique et expérimentale allemande des années 70, édité par Le mot et le reste.

Eric Deshayes anime le site néosphères, où il cause de manière érudite de plein de musiques pointues, jazz ou expérimentales. Et notamment, il avait déjà manifesté sur ce site une connaissance irréprochable du rock allemand des années 70-80. Plus exactement, cette vaste galaxie qu’on résume parfois à l’étiquette trompeuse krautrock. Vous vous demandiez quand je me déciderai à faire un lien entre cet article et son titre, vous voilà rassurés, vous pouvez arrêter de retenir votre souffle et continuer l’air de rien.

Pas de fioriture, d’effets de style, pas d’âme d’écrivain qui vous emporte à chaque page. Nononon. C’est plus pratique que ça. Pas un essai, mais un guide, une encyclopédie du rock allemand et de ses descendances. Berlin a été une terre d’accueil et d’expérimentation de choix pour des anglophones comme Brian Eno ou David Bowie, qui y enregistra notamment Heroes (ainsi que Lodger et Low). Le choix de l’Allemagne peut surprendre, il colle mal à l’étiquette “rock”, et pourtant la vitalité de cette scène durant les années 70 est phénoménale.

Plus que ça, même. Que ce soit dans la bouche des grands de la techno, ou celle des tenants de ce qu’on appelle parfois le “post rock“, de Tortoise à Godspeed you black emperor, la dette envers la musique allemande des années 70 revient constamment.
Des expérimentations psyché ou jazz-rock de la fin des années 60 (Tangerine dream, Ash ra tempel, Popol vuh…) avec le fameux Phallus dei de Amon Duül, à l’invention de musiques électroniques populaires inspirées des compositeurs savants (Cluster, La Dusseldorf, Kraftwerk), l’Allemagne a fourmillé de groupes extrèmement inventifs. Si Kraftwerk est le plus connu et le plus influent d’entre eux, il n’aura pas échappé aux lecteurs de presse spécialisée que des groupes comme Can, Neu! ou même Faust reviennent dans beaucoup d’interviews.
tagomago-can.jpgCes groupes, et d’autres moins connus, ont leur notice dans ce livre, où l’on apprend la genèse du groupe, sa démarche musicale, avec qui il se produisait et travaillait, et évidemment sa discographie. Encyclopédie, ce bouquin se transforme donc rapidement en invitation à l’écoute. On sait qui écouter et pourquoi, par quel disque commencer… et on se retrouve comme moi à écouter en boucle un chef d’oeuvre comme Tago Mago de Can, publié en 1971.
J’avais déjà la plupart des albums de Kraftwerk, dont je ne me lasse pas, mais depuis que j’ai ouvert ce livre c’est tout un rayon krautrock et rock allemand que je suis en train de me constituer. Et c’est vraiment le pied.

Intelligemment, Eric Deshayes ne se borne pas à cataloguer les artistes rock/electro, mais consacre aussi pas mal de pages aux figure tutélaires telles Joseph Beuys ou Karlheinz Stockhausen, ainsi qu’aux labels et certains producteurs influents qui ont forgé le son du futur.

La grande surprise, c’est qu’on achète une encyclopédie (de format raisonnable), et on se retrouve à enchainer les chapitres comme on lit un roman, sans pouvoir le refermer. Le découpage très méthodique fait qu’on n’est jamais perdu, mais l’accumulation des entrées permet d’avoir progressivement un vision très complète de cette scène foisonnante, variée, et souvent en avance sur son temps.
Qui dit rock ou électro dit Royaume-Uni ou Etats-Unis. Grâce à ce livre on n’oubliera plus dans cette cartographie ce pays central qu’est l’Allemagne :-)

Décidément, David Bowie a toujours raison, qu’on se le dise ^o^



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